Le Journal de Quebec - Weekend
UNE GIGANTESQUE INFOPUB
Avec le premier Ralph, Disney a involontairement ouvert une boîte de Pandore que les studios n’ont pu refermer pour le deuxième.
Dans les nouvelles aventures, Ralph (voix de Philippe Laprise au Québec), costaud de jeu vidéo, et sa grande amie Vanellope (voix de Catherine Brunet) se rendent dans l’Internet.
Les internautes s’y activent, la myriade de services offerts est représentée par des gratte-ciel sur lesquels se trouvent des logos de compagnies. La quasi-totalité des plans de caméra contient un logo (ou la partie d’un logo) ou un nom de compagnie. Impossible, dans ce nouveau monde de Ralph, d’échapper au marketing, placement de produits et autre tactique pour allécher le consommateur.
PROTÉGER LES ENFANTS
Alors que nos voisins américains comptent sur l’autorégulation de ce marché juteux, le Québec – à l’instar de plusieurs autres pays – a choisi d’interdire « la publicité à but commercial destinée aux enfants âgés de moins de 13 ans ».
Voir l’une des princesses Disney tenir une boisson chaude estampillée d’une moitié de logo d’une chaîne de cafés est dérangeant. Voir s’immiscer dans l’intrigue les superhéros et autres Stormtroopers ou C-3PO – logos des studios inclus – du conglomérat Disney, est tout aussi gênant.
La morale de Ralph brise l’Internet est ambiguë. Si l’amitié est célébrée, Ralph choisit de tourner des vidéos afin de gagner l’argent nécessaire à l’achat du volant. Évidemment, il lui faut obtenir des « j’aime » en proposant le contenu le plus populaire possible… et en pariant sur un effet de buzz, aussi transitoire qu’abrutissant.
Depuis sa création en 1923, Disney a toujours su créer des contenus dont l’attrait dépassait les frontières des États-Unis. Ce n’est désormais plus le cas.
Si ce dernier-né génère des rires chez les adultes possédant le recul et l’esprit critique nécessaires à l’appréciation des plaisanteries et clins d’oeil, est-il souhaitable que de jeunes enfants y soient soumis? Voilà une question à laquelle seuls les parents peuvent répondre.