Le Journal de Quebec - Weekend

HOMMAGE AUX PIONNIÈRES DE NOTRE HISTOIRE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

En faisant le voeu que les vies extraordin­aires des femmes oubliées de l’histoire du Québec s’infiltrent pour de bon dans nos vies, l’écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette et l’illustratr­ice Mathilde Cinq-Mars les font connaître de magnifique façon dans leur nouveau livre, Nos héroïnes.

Avec beaucoup de charme, de féminité et de tendresse, Anaïs et Mathilde donnent vie à ces pionnières, de manière à ce que leur nom et leur visage s’impriment dans les mémoires.

Le livre raconte quelques pans de l’histoire du Québec, du point de vue des femmes, des mères, des rebelles, des militantes, de celles qui ont décidé de se tenir debout.

Ces femmes remarquabl­es restent méconnues, mais les auteures les présentent avec lucidité et sensibilit­é.

Jeanne Mance, cofondatri­ce de Montréal, chassait des lucioles qu’elle enfermait dans des pots en verre pour illuminer l’hôpital qu’elle avait fondé.

Dorimène Desjardins a fondé les Caisses populaires Desjardins avec son mari.

Thérèse Forget-Casgrain a milité pour que les femmes aient le droit de vote.

Ellen Gabriel a pris la parole pour défendre les intérêts de sa nation pendant la crise d’Oka.

Elsie Reford a créé un des plus beaux jardins du monde.

Anaïs Barbeau-Lavalette parle avec enthousias­me de ces pionnières, de ces visionnair­es, de ces femmes belles et fortes, dont on parle pourtant très peu.

« Ce livre me touche. Je ne pensais même pas revenir si vite à l’écriture, mais il s’est imposé », révèle-t-elle en entrevue.

SON HÉRITAGE

« Avec La femme qui fuit, j’ai écrit le portrait très intime de ma grand-mère qui, pour être libre, a dû rompre les liens avec sa famille. Ça fait trois ans que le livre est sorti et les gens m’en parlent encore au quotidien. Le livre se termine par un questionne­ment sur mon héritage. De quoi j’ai hérité, moi, de cette volonté d’être libre et de cette rupture si violente des liens ? »

Elle s’est ensuite demandé pourquoi c’était si difficile pour les femmes de trouver des modèles de femmes qui ont résisté, de femmes admirables, d’héroïnes, et de s’en inspirer.

« Depuis tout le temps, la femme est dans l’Histoire, mais ça ne fait que 30 ans qu’on s’emploie à écrire la figure de la femme dans notre histoire collective. Trente ans, c’est rien, sur l’échelle de l’humanité. »

« Ces femmes, qui auraient dû depuis longtemps avoir leur nom un peu partout, sont inexistant­es non seulement dans notre société, mais surtout dans notre mémoire. »

Anaïs Barbeau-Lavalette croit que les hommes, comme les femmes, ont besoin de se faire raconter cette partie de notre histoire, surtout après l’année #MeToo. « Je pense qu’on est mûrs pour éveiller cette mémoire féminine. »

MODÈLES INSPIRANTS

Elle trouve qu’il est temps d’entendre les voix des femmes fortes, fières, qui ont changé le cours de l’histoire.

« On remonte au 16e siècle. Il y en a toujours eu, des modèles de femmes fortes qui, dans leur quotidien, se sont redressées, ont bravé des tempêtes, ont dit non, ont refusé. Elles auraient pu nous inspirer depuis le début, mais on ne les a pas eues comme modèles. »

Anaïs Barbeau-Lavalette, mère de trois enfants, note qu’il est de la responsabi­lité des parents d’offrir d’autres sortes de modèles.

« Ces modèles sont aussi l’fun, colorés et inspirants que tous les modèles de héros masculins qu’on n’arrête pas de nourrir à travers les histoires qu’on raconte. »

Anaïs Barbeau-Lavalette et Mathilde Cinq-Mars Éditions Marchand de feuilles - 96 pages

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