Le Journal de Quebec - Weekend

LA MÉMOIRE ET SES CAPRICES

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

L’écrivain de talent Matthieu Simard, auteur de Ça sent la coupe et de La tendresse attendra, s’est penché sur la mémoire, ses caprices et le moment où elle déraille dans son nouveau roman, Les

Écrivement­s. Son héroïne, Jeanne, est une femme âgée qui fait l’impossible pour retrouver l’homme qui l’a quittée 40 ans auparavant.

Suzor est parti un soir de décembre, en 1976. Pendant 40 ans, Jeanne s’est fait la promesse de ne jamais partir à sa recherche. Mais quand elle apprend qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer, elle choisit de le retrouver.

Cette quête l’oblige à revisiter leur passé, leur enfance, un voyage en Russie qui a laissé des traces, en somme, à revivre tous leurs souvenirs.

Matthieu Simard avait ce projet en tête depuis longtemps – l’idée d’une dame âgée qui apprend que son ex a la maladie d’Alzheimer et veut aller le retrouver avant qu’il oublie. « La thématique de la mémoire me fascine, comme le fait qu’on ne contrôle pas nos souvenirs. On ne peut pas décider : ça, je vais m’en souvenir, ça, je ne m’en souviendra­i pas. C’est vraiment notre cerveau qui décide. »

HISTOIRE TENDRE

« À un moment donné, on est en train de faire quelque chose et on se souvient de quelque chose qu’on avait oublié pendant des années, et on n’a aucune idée pourquoi. Parfois, on oublie des choses dont on aimerait vraiment se souvenir. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. »

En parallèle, les parents de ses deux meilleurs amis sont atteints d’Alzheimer, ce qui lui a donné l’occasion de réfléchir sur le sujet. « Voir mes amis vivre avec la maladie de leurs parents qui progresse, c’est quelque chose qui me touche beaucoup. » Il voulait faire une histoire douce, tendre, qui fait du bien et qui fait sourire. « Je ne voulais pas entrer dans le drame de ça. » C’est la première fois qu’il a une héroïne âgée, et c’est aussi la première fois qu’il écrit à la première personne, du point de vue d’une femme. « Il y a eu tout un processus pour arriver à écrire ça et qu’on embarque. Je voulais que ce soit la personne âgée qui parle. » Jeanne doit se rappeler certains souvenirs, évoquer des choses dont elle n’a pas trop envie de parler. « Beaucoup d’années sont racontées : il y a des choses qui se passent dans les années 1950, des choses qui se passent dans les années 1970, des choses qui se passent maintenant. »

ÉVÉNEMENTS MARQUANTS

Certains événements marquants de Jeanne et Suzor se sont déroulés en Russie. « Je voulais que ce soit quelque chose de très marquant pour eux – quelque chose d’inoubliabl­e malgré la volonté d’oublier, le besoin d’oublier. Il n’y a rien comme vivre un dépaysemen­t total et être témoin de drames humains aussi forts pour illustrer le choc que ça peut créer. »

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