Le Journal de Quebec - Weekend

TROIS FEMMES SUR LA ROUTE DU LILAS

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Après avoir séduit plus de 60 000 lecteurs québécois avec

La fiancée américaine, son best-seller, Éric Dupont propose l’histoire de trois femmes qui traversent l’Amérique en suivant la floraison du lilas dans son nouveau roman, La route du lilas. Chaque soir, elles se racontent un pan de leur vie tumultueus­e et livrent un peu plus de secrets les aidant à les connaître... et à découvrir leur force intérieure.

Ce nouveau roman fascinant est né après plusieurs années de silence. Elles ont été bien investies dans la recherche et l’écriture, néanmoins, pour raconter une très bonne histoire, dans un style inimitable. « Être considéré comme un bon conteur d’histoires, c’est comme ça que je voudrais qu’on me définisse », confirme Éric Dupont, en entrevue.

TRAVAIL « DANTESQUE »

La route du lilas lui a demandé plus de travail que La fiancée américaine, notamment à cause d’une partie du livre qui concerne Léopoldine de Habsbourg. L’archiduche­sse d’Autriche a connu un destin tragique après avoir épousé le roi du Portugal et empereur du Brésil, Pierre de Bragance.

« L’écriture a été un travail minutieux et dantesque. Chaque mot est pesé, calculé. Juste pour pouvoir obtenir les détails de sa vie, j’ai dû apprendre le portugais parce que les livres qui parlent d’elle sont en portugais ou en allemand. Je parlais déjà allemand, mais il a fallu que j’apprenne le portugais pour découvrir le destin de la famille royale au Brésil. »

UNE FLEUR SPÉCIALE

Éric Dupont a toujours eu une fascinatio­n pour le lilas, pour toutes sortes de raisons. « Je pense que l’odorat est le sens qui nous ramène de la manière la plus violente à nos souvenirs, à nos sens. J’ai grandi dans une région où on avait du lilas à la mi-juin. Le jour de mon anniversai­re, le lilas fleurissai­t. C’était la fin des classes, en Gaspésie. J’associe toujours le lilas à la fin de quelque chose. Je ne le vois pas comme une naissance.

« Chez nous on avait du lilas, et les gens, dans ma famille, déménagent souvent avec leur lilas : quand ils s’en vont, ils coupent la moitié de la talle et l’amènent là où ils vont vivre, ou en donnent à leurs enfants. Ils n’aiment pas se séparer de leur lilas.

« La complexité de son parfum, sa douceur, son caractère âcre, c’est inimitable. Ils ne sont pas capables d’extraire une huile essentiell­e du lilas. C’est une fleur muette, et j’ai décidé de la faire parler! »

FEMMES FORTES

Il s’est attaché à ses trois personnage­s. « Pia est un personnage inspiré de gens que je connais, au Brésil. Laura et Shelly sont des copies d’amies femmes que j’ai eues au cours de ma vie. Des femmes très libres qui partent sur des trips, qui vivent leur vie en toute liberté. »

Le thème de la violence contre les femmes apparaît partout dans son roman. « Pour que ce soit cohérent, du début jusqu’à la fin, ça a pris beaucoup de réflexion. Pia a raconté sa vie difficile, mais en même temps, c’est une battante qui vient de raconter ellemême ses cahiers. »

Elle raconte ensuite l’histoire de Léopoldine. « On pense que ce sera différent. Mais non, c’est la même histoire. C’est pas parce qu’elle était archiduche­sse d’Autriche, fille de François 1er, qu’elle a pu échapper à cette violence. Et c’est ça qui est le drame. » Éric Dupont est né à Amqui, en Gaspésie. Il est l’auteur de cinq romans, dont

La fiancée américaine, finaliste du prix Giller dans sa version anglaise. Il est professeur à l’Université McGill.

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 ??  ?? LA ROUTE DU LILAS Éric Dupont Éditions Marchand de feuilles 588 pages
LA ROUTE DU LILAS Éric Dupont Éditions Marchand de feuilles 588 pages

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