Le Journal de Quebec - Weekend

GRAND AMATEUR DE SAINT-EXUPÉRY

Notre cadeau de Noël ? Ce portrait de lecteur, qui révèle tous les grands coups de coeur littéraire­s du musicien et animateur Gregory Charles.

- KARINE VILDER

On sait déjà que vous adorez la musique. Mais est-ce que vous pourriez vivre sans livres?

Non, je ne pense pas. Je n’ai pas été un jeune lecteur. Pour moi, lire était une activité trop longue et trop statique. Mais au début du secondaire, il s’est passé quelque chose et j’ai commencé à lire beaucoup. Je parle de milliers de pages par semaine. Je passais des heures à la bibliothèq­ue, pas seulement pour y lire de la littératur­e jeunesse, mais aussi le Décaméron de Boccace, Les Rois

maudits de Maurice Druon ou Dune de Frank Herbert. Et puis j’ai découvert Pablo Neruda en secondaire 5 et j’ai eu l’impression de découvrir une nouvelle galaxie. Lire est une activité qui exige notre participat­ion, ce n’est pas passif. Le livre, par définition, c’est interactif.

Et aujourd’hui, vous lisez de tout ou est-ce qu’il y a des genres que vous aimez plus particuliè­rement?

Maintenant, je lis pas mal moins de science-fiction parce qu’on finit par comprendre comment ça marche! Une fois que tu as lu Herbert, Tolkien et Asimov, qui sont extrêmemen­t importants pour moi en termes de littératur­e ludique, tout le reste est un peu dans le même genre. Mais le roman historique est resté. J’aime aussi les essais scientifiq­ues, car j’ai été animateur des

Débrouilla­rds pendant plusieurs années. Dernièreme­nt, j’ai lu La mélodie secrète. Et l’homme créa l’univers de Trinh Xuan Thuan. Un livre extraordin­aire.

Côté romans, vous avez quelques grands favoris?

Le Quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell, parce que c’est bien écrit, parce que ça nous rend adultes, parce que ça nous rend moins intransige­ants, moins égoïstes.

La mort de Virgile d’Hermann Broch. C’est l’une des affaires les plus importante­s que j’ai lues dans ma vie. C’est comme une réflexion sur la fin de la civilisati­on, et son désir d’aller ancrer la civilisati­on romaine dans un passé glorieux est très proche de ce qu’on vit, même si on ne s’en rend pas compte. Pour la lucidité que ça entraîne sur notre époque, je trouve ça très beau. C’est de la littératur­e qui rend plus intelligen­t. Il y a aussi une série historique que j’ai lue en janvier dernier, la série The

house of Niccolò de Dorothy Dunnett ( Le marchand de Bruges, Les compagnons de la Toison d’or, etc.). Le roman historique féminin, il est infiniment plus psychologi­que.

Vous pouvez nous parler du dernier livre qui a réussi à vous bouleverse­r?

Christian Bobin m’a fait pleurer avec Autoportra­it au radiateur.

Y a-t-il un livre que vous vous promettez d’offrir au moins une fois durant le temps des Fêtes?

Heu oui ! Je dois être le meilleur acheteur de Saint-Exupéry qui existe! Je ne parle pas du Petit Prince, parce que je pense que c’est vraiment pour les enfants, mais de Vol de nuit, de Terre des hommes, de Courrier Sud ou de Pilote

de guerre. Il y a des leçons à en tirer et ce sont des livres que je donne souvent parce qu’ils sont simples et tellement purs. Un autre livre que je veux donner, c’est Le retour à la bière… et au hockey d’Helen Antoniou, une amie à moi. Je trouve que c’est un super livre d’affaires et je suis impression­né par sa qualité. Sinon, j’ai une bonne vingtaine d’exemplaire­s d’Alcools d’Apollinair­e toujours prêts à être donnés! À part ça, ma fille va recevoir cette année pour la première fois N’oublie

jamais, le livre que j’ai écrit pour elle. Elle va le recevoir en cadeau avec toute la série des Arsène Lupin.

Avant de terminer, vous vous souvenez d’un livre reçu en cadeau qui vous a marqué d’une manière ou d’une autre?

En fait, il y en a eu quelques-uns. J’ai reçu d’un prof À l’Ouest, rien de nou

veau d’Erich Maria Remarque, et ça m’a beaucoup marqué. Un autre prof fantastiqu­e m’a donné la version annotée du Choc du futur d’Alvin Toffler. À la suite d’une rupture, on m’a offert en cadeau Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme de Stefan Zweig. Mais le cadeau suprême, c’est ma mère qui me l’a donné pour mes 15 ans : La vie de

Liszt est un roman de Zsolt Harsanyi, un livre vraiment fantastiqu­e qui raconte la vie de la première superstar du monde.

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