Le Journal de Quebec - Weekend

SECRETS ET SOUVENIRS SUR LE LAC SUPÉRIEUR

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Née sur les rives du lac Supérieur, l’écrivaine ontarienne Jean E. Pendziwol a écrit plusieurs albums jeunesse avant de se lancer dans son premier roman, Les filles du gardien de

phare. Son histoire, racontant l’improbable amitié entre une dame âgée et une jeune rebelle, sur fond de secrets et des vagues puissantes du lac Supérieur, berce maintenant les lecteurs dans 18 pays.

Sur les rives du lac Supérieur, Morgan, une jeune fille rebelle obligée à faire des travaux communauta­ires après avoir dessiné des graffitis sur un immeuble, se lie d’amitié avec Elisabeth dans le centre d’accueil pour les personnes âgées.

Entre elles se tissent des secrets liés à des journaux intimes retrouvés dans une épave et à des histoires de famille vécues dans le phare de Porphyry Island, un îlot situé à quelques kilomètres au large du parc provincial Sleeping Giant, près de Thunder Bay.

Jean E. Pendziwol a pris beaucoup de temps à écrire ce roman lyrique et poétique, qui évoque avec beaucoup de force la nature sauvage du lac Supérieur et de l’ouest de l’Ontario. « La littératur­e canadienne met peu l’accent sur les paysages et l’histoire du lac Supérieur et du nord de l’Ontario. Le livre a attiré l’attention au niveau national, mais beaucoup au niveau internatio­nal : j’ai eu des commentair­es de lecteurs provenant de partout dans le monde. Ils étaient intéressés par le décor et aussi par l’histoire que j’ai racontée. »

RÉGION PEU CONNUE

« Encore aujourd’hui, la rive nord du lac Supérieur est peu peuplée, et il se fait un peu de pêche commercial­e sur le lac, mais ce n’est pas comme autrefois. Thunder Bay est toujours un port important, mais pas autant que dans les années 70. Quand j’étais enfant, ma famille avait un voilier de 32 pieds, et on allait naviguer sur le lac pendant les vacances. Il y avait des journées entières où on ne croisait personne. »

Jean souhaitait que le décor dans lequel elle a grandi joue un rôle important dans son premier roman, sur lequel elle a longuement travaillé. « J’avais visité Porphyry Island plusieurs fois. Je trouvais que c’était tellement un mode de vie idéaliste et romantique de vivre sur une île et d’être gardien de phare. Quand j’ai commencé à explorer le thème de la famille, des soeurs, j’ai immédiatem­ent cadré mon histoire sur la rive du lac Supérieur et j’y ai incorporé des expérience­s personnell­es. »

Elle aime beaucoup les phares et en a visité plusieurs, à l’époque où des gardiens les opéraient manuelleme­nt, vers la fin des années 1980.

PERSONNAGE­S

Le personnage d’Elisabeth lui est arrivé tout d’un coup. « J’avais l’impression de la connaître et de connaître son enfance, sur Porphyry Island, même si son histoire a évolué au fil de l’écriture. J’ai réalisé que Morgan avait sa propre histoire à raconter : elle a commencé à vivre en cours d’écriture. J’ai eu de la chance, car j’ai pu rencontrer des gens qui m’ont raconté comment c’était de vivre sur une île, d’être gardien de phare, spécialeme­nt pour construire le personnage d’Elisabeth. » Une dame de 96 ans, Frances McKay, a relu son manuscrit. « Son mari a longtemps été le gardien du phare de Porphyry Island. Elle l’a lu. Nous avons pris le thé ensemble, et elle m’a raconté à quel point c’était un lieu magique pour elle. Elle avait des souvenirs incroyable­s à raconter. Le cousin de son mari m’a aussi beaucoup aidée à raconter l’histoire du phare de Porphyry Island. J’ai pris beaucoup de libertés dans l’écriture romanesque, mais ces personnes ont été des ressources extraordin­aires. » Jean E. Pendziwol a écrit plusieurs livres pour enfants. Elle habite à Thunder Bay, en Ontario. Les droits du livre ont été vendus dans 18 pays, en 14 langues, dont l’Allemagne, l’Italie, le Portugal, la Norvège, la Chine et le RoyaumeUni.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada