Le Journal de Quebec - Weekend

LES AGENTS DE L’OMBRE

La série Les invisibles nous plonge dans l’univers parfois abracadabr­ant de quatre agents d’artistes. Nous avons discuté avec Benoît Mauffette, Karine Gonthier-Hyndman, Danièle Lorain et Bruno Marcil, qui campent ces héros de l’ombre.

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

Comment décririez-vous vos personnage­s?

Benoît Mauffette : Gabriel est mou, mou, mou. C’est un peu un loser. Mais c’est aussi un maudit bon gars. Il s’en fait énormément pour ses clients. Il est intelligen­t et sensible, mais il gagnerait à être plus requin, comme Jean-Frédéric.

Karine Gonthier-Hyndman : Alexandra a beaucoup de caractère. C’est un personnage plein de paradoxes. Elle a une grosse façade, mais c’est pour cacher sa grande vulnérabil­ité. Elle est dure envers les autres, mais surtout envers elle-même. Elle n’a aucune aptitude sociale et amoureuse, mais en revanche, dans son travail, elle s’occupe très bien des autres. Danièle Lorain : Arlette a tout sacrifié pour son travail. Elle a tout donné à cette agence. C’est une fille seule. Elle n’a pas de chum, pas d’enfants. Quand son patron meurt, elle est complèteme­nt désemparée, parce que c’est comme si elle venait de perdre sa raison d’être.

Bruno Marcil : Jean-Frédéric n’a pas le bonheur facile. C’est un excellent agent. Il est intelligen­t et habile. C’est aussi un grand sensible qui s’ignore.

La série est-elle une représenta­tion fidèle du milieu des agents?

Karine Gonthier-Hyndman : Complèteme­nt. On extrapole un peu, on grossit les affaires, mais toutes les situations qu’on raconte sont réelles. Elles ont juste été amalgamées et mélangées pour éviter qu’on reconnaiss­e les gens à qui c’est arrivé. Danièle Lorain : C’est une représenta­tion assez juste. Ton agent, c’est ton confident, ton psychologu­e, celui qui s’occupe de gérer tes horaires, de négocier tes contrats, qui connaît ton emploi du temps, etc. Bruno Marcil : C’est romancé. On évite de montrer le côté routinier et business du métier. Parce qu’un vrai agent n’est pas toujours en mode gestion de crise.

Avez-vous déjà vécu une situation qui pourrait faire l’objet d’un épisode?

Bruno Marcil : Le métier d’acteur, c’est un métier qui demande beaucoup d’humilité. J’ai déjà passé une audition pour une marque de mayonnaise. Il fallait que j’improvise un vox pop sans interlocut­eur. J’étais tout seul. J’imaginais les réponses. C’était l’enfer!

Karine Gonthier-Hyndman : Il m’est arrivé de partir en voyage à Cuba avec mon chum. On attendait ce jour depuis 1000 ans. On habitait dans une maison d’hôte. Il n’y avait pas internet. La communicat­ion était super mauvaise. Le deuxième jour, en rentrant, la fille qui nous hébergeait était affolée. Elle ne parlait pas français ou anglais, mais j’ai fini par comprendre que mon agente avait appelé. Je suis allée dans un café internet et effectivem­ent, elle m’avait envoyé plein de messages. « Karine, appelle-moi stp. » Sur Facebook, elle avait écrit : « À la recherche de Karine Gonthier-Hyndman. Est-ce que vous savez où elle dort? » Quand j’ai vu ça, j’ai fait : « Oh mon dieu ! Qu’est-ce qui se passe ? » Finalement, elle m’a fait revenir au Québec en pleine nuit, parce qu’on m’avait offert un contrat très lucratif. Mon chum m’a attendue, et trois jours plus tard, j’étais de retour à Cuba pour reprendre mes vacances.

Le réalisateu­r Alexis Durand Brault l’a souligné à quelques reprises : Les invisibles met en vedette des « in- connus », chose rare pour une série diffusée à heure de grande écoute au Québec. Que pensez-vous du discours voulant qu’on voie toujours les mêmes acteurs à l’écran?

Karine Gonthier-Hyndman : C’est important d’avoir des diffuseurs ouverts. Il faut laisser la place aux choses nouvelles, aux choses qu’on connaît moins. Il faut faire preuve d’audace et prendre des décisions en fonction du projet. C’est important, parce que sinon, on reste dans une spirale sans fin. Quand j’ai commencé Les Simone, personne ne savait qui j’étais, mais on m’arrêtait tout le temps pour me dire que ça faisait du bien de voir de nouveaux visages. Et chaque fois qu’on a tenté le coup, ça s’est avéré bénéfique. Comme pour Unité 9, par exemple. Cette série nous a fait découvrir plein de bonnes actrices, comme Ève Landry.

Bruno Marcil : C’est souvent les mêmes qu’on voit, mais parce que faire une série, ça coûte cher, les diffuseurs veulent rassurer les commandita­ires en engageant Rémy Girard ou Guillaume Lemay-Thivierge.

Benoît Mauffette : Je crois que ce qui fait le succès d’une série, c’est d’abord et avant tout le contenu.

TVA présente Les invisibles à compter du lundi 7 janvier 21 h.

 ??  ?? Benoît Mauffette, Bruno Marcil, Danièle Lorain et Karine Gonthier-Hyndman dans Les invisibles.
Benoît Mauffette, Bruno Marcil, Danièle Lorain et Karine Gonthier-Hyndman dans Les invisibles.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada