Le Journal de Quebec - Weekend
À LA GUERRE COMME À LA GUERRE…
Les filles du soleil
Un film de Eva Husson Avec Golshifteh Farahani, Emmanuelle Bercot et Zübeyde Bulut
Malgré un excellent sujet, la réalisatrice Eva Husson tombe dans le mélo avec Les filles du soleil.
La reporter de guerre Mathilde (Emmanuelle Bercot) arrive au Kurdistan irakien afin d’interviewer les femmes qui se battent contre l’ISIS (État islamique d’Irak et de Syrie). Arborant un bandeau noir à l’oeil – le personnage a été inspiré de Marie Colvin, un choix désastreux tant la sortie d’Une guerre privée, film biographique sur la journaliste morte incarnée par une excellente Rosamund Pike, est récente –, la voix rauque, Mathilde blague avec ses collègues et s’ouvre à la cheffe des combattantes, Bahar (Golshifteh Farahani).
Bahar, ancienne avocate, s’est fait prendre par l’avancée de l’ISIS. Son histoire, comme celle de toutes les femmes enlevées par le groupuscule fanatique, est abominable. Mais la manière dont Eva Husson la traite n’est pas à la hauteur du sujet. La quantité de clichés est impressionnante, comme cette prise de vue d’un ciel qui devient orageux pour bien montrer le danger de la situation, ou ces retours en arrière constants pour expliquer l’attitude de la leader de la troupe de femmes.
SÉRIE B
On a, bien sûr, droit à l’attitude stoïque de la reporter, à des dialogues de la soldate tout droit sortis d’un film de série B, à une fuite aussi incroyable que longue, etc.
Le sujet du massacre des yézidis par l’ISIS a fait suffisamment couler d’encre – Eva Husson déplore d’ailleurs que le sujet soit tombé dans l’oubli – pour qu’il doive être porté au cinéma. Par contre, après son Bang Gang (une histoire d’amour moderne), on se serait attendu à plus d’originalité de la part de la cinéaste.