Le Journal de Quebec - Weekend

L’ATTRAIT D’UN PERSONNAGE COMPLEXE

- YAN LAUZON

Le réalisateu­r québécois Guy Édoin ( Ville-Marie, Marécages) a été happé par Malek, personnage central du roman Le cafard, à un point tel qu’il a accepté de porter le récit dramatique de sa vie au cinéma.

Agence QMI Cet homme bipolaire a donc maintenant son propre film. Simplement intitulé Malek, le long métrage a été tourné en 23 jours seulement, dont six au Maroc. « En lisant le scénario [de Claude Lalonde, NDLR], ce qui m’a séduit, c’est le tourment, la complexité de ce personnage, la courbe drama- tique, un personnage catapulté dans un monde dont il ne comprend pas les codes », confie le cinéaste.

INSAISISSA­BLE ET EN EXIL

Le Libanais a quitté son pays d’origine après la mort de sa soeur – dont il se sent coupable – pour atterrir à Montréal où il doit composer avec son passé et où la gent féminine (sa psychologu­e, la jeune femme dont il s’éprend, etc.) dicte une partie de sa vie.

« Ce qui m’intéressai­t vraiment à la base, quand j’ai accepté ce projet, c’était la quête de ce personnage, d’explorer chacune des relations avec chacune des femmes qu’il rencontre. Je n’avais pas le goût de faire un film sur l’immigratio­n, mais sur Malek », précise Guy Édoin.

C’est l’acteur français Tewfik Jallab – dont c’est le premier film tourné au Qué- bec – qui a bien voulu prêter ses traits à ce nouvel arrivant « insaisissa­ble ».

« J’aime bien les personnage­s qui nous échappent, confie-t-il. À la lecture du scénario, je me suis dit : mais putain, c’est qui ce mec? Je crois que même après l’avoir interprété, m’être concentré dessus, j’ai toujours du mal à l’identifier. Il est comme passé en moi, mais d’une manière fulgurante. »

HIVER ET SOLITUDE

Donner vie à Malek, un être tourmenté et prêt à aller jusqu’au bout de sa folie, n’a pas été de tout repos, assure Tewfik Jallab.

« Rentrer dans la peau d’un personnage comme celui-là, pour moi, c’est perdre 14 kilos, c’est être esseulé dans un pays où j’affronte ma première tempête de neige, où mon personnage est habillé avec une simple petite chemise et un petit blouson en cuir, avec un pantalon à pinces... »

Mais selon Guy Édoin, le jeu en valait le coup. « Y’avait quelque chose de très intéressan­t dans l’idée de cet exilé qui

vient de la chaleur, de la lumière, et de le catapulter dans un hiver sale et froid. Et Tewfik, avec son petit manteau, qui souffrait du froid... Tout ça ajoutait à l’authentici­té. »

KARINE VANASSE, PSYCHOLOGU­E

Parmi les femmes que Malek croise à Montréal, il y a Geneviève, une psychologu­e interprété­e par Karine Vanasse qu’il est forcé de voir, sur ordre de la justice, après avoir tenté de mettre fin à ses jours.

Pour Tewfik Jallab, travailler avec la Québécoise a été « une très grande rencontre sur mon parcours de comédien ». « Ce qu’elle me donnait quand la caméra n’était pas sur elle, c’était tout aussi intense que quand elle était sur elle. Je me suis dit : j’ai affaire à une grande dame de cinéma. »

« Elle est d’une puissance et d’une sobriété dans l’oeil... Je vous en parle et j’en ai des frissons ! »

Malek est à l’affiche dans les cinémas du Québec.

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Tewfik Jallab et Hiba Abouk

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