Le Journal de Quebec - Weekend
« ELLE EST DEVENUE UN EMBLÈME »
Ludivine Reding sait précisément à quel moment sa Fanny a été adoptée par les Québécois et qu’elle est devenue le symbole de l’exploitation sexuelle des adolescentes. Le fameux épisode 4. Celui du viol collectif.
« C’est là que tout a changé. À l’épisode 4, ceux qui avaient arrêté de regarder Fugueuse ont recommencé. C’est devenu immense. »
Immense ? Quand elle a obtenu le rôle de Fanny Couture, la jeune comédienne s’était donné comme défi de la rendre attachante malgré la dureté de sa réalité dépeinte dans la série. Non seulement les Québécois se sont attachés à Fanny, mais ils sont tombés en amour avec elle.
En témoignent les nombreux messages reçus par la comédienne, qui se dit particulièrement heureuse d’avoir fait du bien à plusieurs Fanny québécoises. Oui, des Fanny. Depuis Fugueuse, les jeunes filles exploitées sexuellement au Québec partagent un même prénom.
« J’ai reçu tellement de témoignages de gens à qui c’est arrivé qui m’ont dit : merci, ça m’enlève un poids, les gens me comprennent mieux et arrêtent de nous juger. On me dit : moi aussi, j’ai été une Fanny. Elle est devenue un emblème de ce milieu et de cette problématique. J’en suis très fière. »
Fanny a aussi été le passeport vers la gloire de Ludivine Reding. Encore peu connue, la comédienne a capté l’atten- tion de l’auteure Michelle Allen dès sa première audition : « J’avais remarqué qu’elle dansait très bien et qu’elle était très à l’aise dans son corps. Il n’y a jamais eu de doute pour moi. »
La vie de Ludivine venait de changer. Plusieurs mois après le dernier épisode de Fugueuse, on s’adresse encore à elle dans la rue en utilisant le prénom de son personnage.
« On m’en parle tous les jours. Tous les jours, tous les jours. Je suis autant Fanny que Ludivine. Les gens qui ne me suivent pas sur Instagram ou n’ont pas vu les entrevues où je suis Ludivine m’appellent Fanny. »