Le Journal de Quebec - Weekend

PROVOCATEU­R AU COEUR TENDRE

- SANDRA GODIN

Guillaume Wagner ne le cache pas, accueillir un enfant dans sa vie l’a changé de « manière violente ». Dans son nouveau spectacle, Du coeur au

ventre, il se sert de sa paternité non pas pour faire des gags mille fois entendus sur les aléas de la vie de père, mais comme prémisse d’un message qu’il souhaite léguer à son fils : celui d’avoir le courage de ses conviction­s.

Même si le coeur du propos de son troisième one man show se veut tendre et empreint d’humanité, rien n’empêche Guillaume Wagner d’enrober son message d’une bonne couche de textes corrosifs.

« Je ne jouerai pas au papa attendri sur scène », a-t-il promis cette semaine, un sourire en coin, attablé à un restaurant de Québec, à la veille de ses premières médiatique­s.

Guillaume Wagner veut nous faire affronter nos contradict­ions, en abordant des thèmes comme notre rapport aux réseaux sociaux, le narcissism­e et l’égocentris­me.

« Mes propos sont durs, mais c’est pour le “bien de l’humanité”, entre guillemets, parce que je ne prétends pas guérir l’humanité ! Tout ça est toujours fait avec amour, même si des fois ça sort avec rage. J’essaie de fouetter un peu les gens. J’ai un fils maintenant et il va vivre dans ce qu’on a », a-t-il expliqué.

L’humoriste a mis trois ans à écrire ce nouveau spectacle. La venue de son petit garçon en janvier 2018 a un peu réorienté son écriture.

« Avant, je me disais que j’étais une bonne personne, très altruiste. Et quand j’ai eu un enfant, je me suis dit “oh, shit, j’étais quand même égoïste”, a-t-il lancé en riant. C’est la première fois de ma vie que je ne peux plus juste penser à moi, et ç’a été plus

rough que ce que je pensais. »

PLUS DE RÉFLEXION

L’humoriste de 35 ans avoue qu’il réfléchit plus à ce qu’il écrit. Il a souvent répété qu’il ne ferait plus le fameux gag sur Marie-Élaine Thibert. Personne n’est une tête de Turc dans son spectacle actuel, affirme celui qui a déjà suscité la controvers­e en critiquant des personnali­tés comme Richard Martineau et Martin Matte.

« J’ai réécouté mon 2e one man show récemment. Ça ne fait pas longtemps, c’était en 2015. Et il y a des trucs dont je n’étais plus certain. Regarder dans le passé et dire “je ne referais plus ça”, je trouve ça positif. Ça veut dire que la société a évolué, et que moi j’ai évolué. »

Et la société a évolué depuis le scandale Gilbert Rozon, ce qui lui a inspiré un numéro sur la culture du viol.

« J’avais envie d’en parler, mais je n’étais pas trop certain si c’était ma place. Mais je me suis dit que si moi, en tant qu’homme, je parlais aux hommes, ça pourrait être efficace. Je leur parle en tant qu’homme qui s’accuse aussi un peu au travers. »

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN

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