Le Journal de Quebec - Weekend

L’HÉRITAGE SOURIANT DE BOB DYLAN

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc @quebecorme­dia.com

Revendicat­eur et engagé, Bob Dylan se dévoile sous un tout nouveau jour, au printemps 1969, avec l’album Nashville Skyline. La voix éraillée et nasillarde a disparu et l’artiste protestata­ire et ténébreux affiche un large sourire sur la pochette de cet album qui aura bientôt 50 ans.

Lancé le 9 avril 1969, le neuvième disque studio de l’artiste américain, qui est alors âgé de 28 ans, est une incursion dans le country. Un album qui, selon plusieurs spécialist­es, représente le premier jalon du style « americana ».

Une collection de 10 chansons, qui dure 27 minutes, où l’on retrouve Lay Lady Lay, pierre angulaire de cet album, et qui a été reprise par plusieurs artistes, dont The Birds, The Isley Bro-

thers, Duran Duran, Angelique Kidjo et Ministry, dans une version sombre et décapante.

Les critiques sont décontenan­cés par les nouvelles chansons de Robert Allen Zimmerman, dit « Bob », signataire des Blowin’ in the Wind, The Times They Are a-Changin, Maggie’s Farm, Like A Rolling Stone et All Along the Watchtower. L’ensemble est plus léger, moins complexe et pas aussi engagé.

Un ton qui détonne avec l’air du temps et un pays secoué par les assassinat­s de Martin Luther King Jr et du sénateur Robert Kennedy, les émeutes raciales, l’arrivée de Richard Nixon au pouvoir, le conflit au Vietnam et les vagues de protestati­on.

Dylan délaisse les questions de justice sociale, le blues et le folk traditionn­el.

UNE NOUVELLE VOIX

Les nouvelles couleurs musicales sont en continuité avec les exploratio­ns effectuées sur l’album John Wesley Harding, lancé deux ans plus tôt. L’album s’ouvre au son d’un duo avec Johnny Cash sur la pièce Girl from the North Country. Un titre que l’on retrouvait sur le disque The Freewheeli­n’ Bob Dylan paru en 1963. Les deux artistes se vouaient une admiration mutuelle et la réunion de ces deux voix mythiques représente, 50 ans plus tard, un moment énorme.

Les deux artistes ont enregistré une quinzaine de chansons en une journée. Johnny Cash écrira les titres Ring of Fire, Big River et I Walk the Line durant cette séance de travail et d’enregistre­ment.

En mai 1969, les deux artistes se retrouvent sur le plateau de la première émission du Johnny Cash Show pour interpréte­r Girl from the North Country.

La voix nasillarde de Dylan laisse place à des tonalités vocales moins éraillées et de type crooner.

« Dylan fait assurément quelque chose qu’on peut appeler chanter sur ce disque. Il a réussi à ajouter une octave à sa voix », a écrit le magazine américain Variety à l’époque.

Bob Dylan aurait arrêté la cigarette et ceci expliquera­it cette « nouvelle » voix plus chaude et plus ronde.

NON À WOODSTOCK

Élément plutôt rarissime dans la discograph­ie de Bob Dylan, on retrouve une pièce totalement instrument­ale avec Nashville Skyline Rag.

Enregistré avec des musiciens de studio de Nashville, l’album connaît du succès et se hisse à la troisième position dans le Billboard 200 et la première au Royaume-Uni.

Invité à faire Woodstock, Bob Dylan avait refusé sous prétexte qu’un de ses enfants était malade.

Quelques mois plus tard, le 31 août, Bob Dylan sera une des têtes d’affiche du festival Isle of Wight, au Royaume-Uni, avec les Who, The Band, The Nice et Joe Cocker.

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NASHVILLE SKYLINE La pochette de l’album Nashville Skyline
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