Le Journal de Quebec - Weekend

UN FILM BOULEVERSA­NT ET NÉCESSAIRE

Avec son nouveau film, Grâce à Dieu, le cinéaste français François Ozon signe un drame puissant et bouleversa­nt qui dénonce avec intelligen­ce et sensibilit­é l’omerta autour de la pédophilie au sein de l’Église catholique.

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Gagnant du Prix du Jury au dernier Festival de Berlin, Grâce à Dieu s’inspire de l’histoire vraie de trois hommes dans la quarantain­e qui ont décidé de s’allier il y a quelques années pour dénoncer les agissement­s du père Bernard Preynat, un prêtre pédophile de la région de Lyon qui a abusé d’eux (et de plusieurs autres enfants) quand ils étaient jeunes.

En menant leur enquête, ces trois hommes – dont deux sont devenus des pères de famille – seront choqués d’apprendre que la hiérarchie catholique, dont fait partie notamment le cardinal Barbarin, était au courant depuis longtemps des comporteme­nts pédophiles de Preynat, et qu’elle avait tout fait pour le protéger pendant des décennies.

Après avoir été tourné dans le plus grand des secrets pour éviter d’alerter l’Église catholique, Grâce à Dieu a provoqué une onde de choc lors de sa sortie en France, en février dernier. Depuis que le film est présenté dans les salles de l’Hexagone, plusieurs autres victimes de Preynat sont sorties de l’ombre et le cardinal Barbarin a été condamné à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé des agressions pédophiles.

RIGUEUR ET SENSIBILIT­É

C’est la première fois de sa carrière que François Ozon ( Potiche, 8 Femmes) se lance dans la réalisatio­n d’un film qui s’appuie sur un important travail d’enquête, et l’on peut dire qu’il a réussi son pari. Le cinéaste s’est basé sur des faits réels bien documentés pour raconter avec rigueur et sensibilit­é le combat de ces trois hommes qui ont eu le courage de mener un combat pour dénoncer le silence de l’Église. La mise en scène est sobre, efficace et évite toute forme de sensationn­alisme. Contrairem­ent au film américain Spot

light, qui levait le voile sur le scandale des prêtres pédophiles à Boston en relatant une enquête journalist­ique, Grâce

à Dieu nous emmène dans l’intimité des anciennes victimes, en nous montrant comment ces hommes vivent avec ces souvenirs douloureux.

Certains ont réussi à se relever et à se construire une vie heureuse malgré tout. Mais d’autres n’ont pas eu cette chance et ont vu leur vie brisée par ces agressions sexuelles qu’ils ont subies quand ils étaient petits.

Touchants de fragilité, les trois héros du film sont d’ailleurs interprété­s avec beaucoup de justesse par Melvil Poupaud, Swann Arlaud et Denis Ménochet.

OEuvre à la fois puissante, bouleversa­nte et nécessaire, Grâce à Dieu est une belle et grande réussite. Un film à voir.

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