Le Journal de Quebec - Weekend
QUÉBEC DANS LES ANNÉES 1960
L’écrivain et historien JeanPierre Charland fait revivre des moments forts des années 1960 à Québec et au Québec dans le troisième tome de la série à succès Le clan Picard, Les ambitions d’Aglaé. Sur fond de Guerre froide, d’élections, de nationalisation de l’électricité, de
kidnapping d’enfants et d’effets terrifiants de la thalidomide prescrite aux femmes enceintes, la jeune Aglaé poursuit ses rêves.
Jean-Pierre Charland en apprend davantage aux lecteurs sur le destin des membres de la famille Picard, à partir de 1962.
Thalie, médecin, se questionne sur les effets de la thalidomide, un médicament contre les nausées prescrit aux femmes enceintes. Aglaé, qui est dans la jeune vingtaine, examine plusieurs choix de carrière. Elizabeth rend son dernier souffle et Édouard doit faire le deuil de cette femme qu’il a toujours considérée comme sa mère.
« C’est une époque absolument extraordinaire », note l’auteur.
« Je voulais suivre le personnage d’Aglaé jusqu’à l’âge adulte. Je voulais en faire un personnage qui n’est pas frivole ni léger, qui poursuit des objectifs de façon plus douce. Le hasard veut qu’elle ait 20 ans en 1963 », dit-il.
Jean-Pierre Charland se réfère aux événements qui ont marqué les années 1962-1963, comme l’assassinat de Kennedy, le tueur en série Léopold Dion, surnommé « le monstre de Pont-Rouge », et la menace nucléaire.
« Dans beaucoup de cas, j’en ai des souvenirs. En ce qui concerne Léopold Dion, par exemple, j’avais huit ans à l’époque. Pour moi, ça avait une résonance très particulière parce que j’avais l’âge des victimes. J’étais très conscient que ça existait. Je me souviens de l’état d’esprit et de la peur que ça a créés. C’est le souvenir qui était le plus présent quand j’ai commencé à écrire, mais ensuite se sont ajoutés les autres événements à caractère politique ou social des années 1960. »
LA GUERRE FROIDE
Jean-Pierre Charland évoque toutes les tensions qui marquaient les relations internationales à l’époque, et la peur que cela provoquait dans les familles.
Il parle des citoyens inquiets qui se faisaient construire des abris antinucléaires dans leur sous-sol.
« Aglaé fait partie d’une génération qui a grandi avec la peur d’un holocauste nucléaire. C’est quelque chose dont on parlait tous les jours dans les journaux et à la télé. Moi, j’en ai fait des prières, quand j’étais jeune, pour préserver le Québec des communistes. C’est pas un truc lointain, c’était très présent. »
Le troisième tome met fin à la saga des Picard, affirme l’écrivain. « Ça ne veut pas dire que les personnages ne reviendront jamais. Mais je commence à être vieux... J’ai beau avoir des projets d’écriture jusqu’à l’âge de 128 ans, je ne suis pas sûr de tous les réaliser. »
Mais s’il faisait revenir un personnage de ce clan, ce serait assurément Aglaé, ce qui lui permettrait de parler des années 1960 et 1970, jusqu’à l’apparition du Parti québécois.