Le Journal de Quebec - Weekend

DANS LES COULISSES D’AMAZON

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Alors qu’on entre dans la période du magasinage des Fêtes et que le nombre d’achats en ligne grimpera en flèche jusqu’à Noël, le documentai­re franco-québécois Le monde selon Amazon brosse un portrait captivant – mais peu reluisant – de l’empire planétaire fondé par Jeff Bezos.

Chaque seconde, Amazon expédie 158 colis dans le monde. Cela représente cinq milliards de colis par années, livrés à plus de 300 millions de clients. Mais derrière ce geste si simple pour le consommate­ur de faire un achat en ligne et de se faire livrer le tout en seulement quelques jours (parfois même quelques heures), se cache une compagnie sans scrupules qui traite ses employés comme des robots.

« Il y a un vrai problème avec la manière dont Amazon fonctionne, souligne le Québécois Alexandre Sheldon, qui a travaillé comme assistant réalisateu­r et recherchis­te pour le documentai­re Le monde selon Amazon.

« Cette espèce d’attente là que Amazon crée chez les consommate­urs fait en sorte que les conditions de travail sont rudes, autant au niveau des entrepôts que chez les cadres dans les bureaux. Quand Amazon promet des livraisons gratuites en une journée, c’est parce qu’il y a une pression qui est exercée sur tout le système logistique de livraison qui est inhumaine. Il y a tellement un gros contraste entre l’action du clic pour l’achat en ligne qui est tellement facile et simple pour le consommate­ur et tout ce que cela implique dans les coulisses d’Amazon. » L’objectif de base du documentai­re

Le monde selon Amazon était de poursuivre le travail effectué il y a quelques années par le journalist­e français Jean-Baptiste Malet qui avait écrit un livre basé sur une enquête qu’il avait menée en se faisant engager pendant trois mois comme employé dans un entrepôt d’Amazon.

« L’idée de départ du film était de montrer à quel point les conditions de travail des employés dans les entrepôts étaient très difficiles et déshumanis­antes, explique Alexandre Sheldon. Mais en commençant le travail de recherche, on s’est vite rendu compte qu’on ne pouvait pas s’en tenir juste à cela. Parce qu’Amazon est rendu tellement plus que la livraison de marchandis­e et le commerce électroniq­ue. En voulant aller voir ce qu’il y a dans les coulisses, on s’est rendu compte qu’Amazon était rendu partout, dans plein de secteurs qu’on ne s’imaginait pas, notamment dans le domaine de l’infonuagiq­ue (ou cloud computing) qui est même devenu son secteur le plus profitable. » EFFETS NÉFASTES

L’équipe de tournage du documentai­re s’est notamment rendue à Seattle, la ville où Jeff Bezos (qui a été élu récemment l’homme le plus riche au monde par Forbes) a créé Amazon en 1994. La ville fait face depuis quelques années à un grave problème d’itinérance lié à l’augmentati­on des coûts de l’immobilier causé par la présence de multinatio­nales comme Amazon.

« Seattle est une ville de 700000 habitants, un peu comme Québec. Mais c’est pourtant la troisième ville en importance aux États-Unis pour la population de sans-abri, derrière Los Angeles et New York », indique Alexandre Sheldon.

« C’est une crise majeure à Seattle. Et Amazon en est en grande partie responsabl­e. Mais malgré le fait que ce soit la ville qui l’a vu naître et qui l’a accueilli, Amazon a bloqué toutes les initiative­s fiscales qui visaient à répondre à cette crise. Pour moi, ç’a été la preuve qu’on a affaire à une compagnie qui ne semble pas avoir un grand sentiment de responsabi­lité sociale et qui semble être allergique à vouloir céder le contrôle. »

Le monde selon Amazon, en salle depuis vendredi.

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Le monde selon Amazon nous amène dans les coulisses du géant du commerce en ligne.
Le documentai­re Le monde selon Amazon nous amène dans les coulisses du géant du commerce en ligne.
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Chaque seconde, Amazon expédie 158 colis dans le monde.
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