Le Journal de Quebec - Weekend

L’UNIVERS SOMBRE DU PROXÉNÉTIS­ME

- MARIE-FRANCE BORNAIS

À 21 ans, Maé Senécal a réalisé un rêve en publiant son tout premier roman destiné aux jeunes adultes, Et j’ai crié sur les murs de ta ville. À travers l’histoire de Riley, une jeune artiste en fugue, l’auteure décrit l’univers sombre du proxénétis­me, des dépendance­s, des illusions et des abus de toutes sortes.

En rupture avec sa famille, Riley trouve refuge chez un ami de longue date, Jules. Bras droit d’un proxénète, Jules squatte un immeuble insalubre avec des individus peu recommanda­bles et ses « filles ».

Riley, coupée de sa famille, de ses amis, de son passé, a vite l’impression que sa vie s’assombrit et que son avenir est bouché.

Un soir, elle rencontre Phil, qui mettra un peu de couleur dans sa grisaille. Sera-t-elle en mesure de lui faire confiance, elle qui a perdu le goût de vivre, qui a été blessée par les siens?

Maé Senécal, en entrevue, explique à quel point les thématique­s abordées dans son roman lui tenaient à coeur.

« Je voulais aborder des sujets assez difficiles, assez lourds, assez sensibles parce que c’est vraiment important d’essayer d’enlever les tabous autour de ces sujets. C’est surtout pour ma génération : on est plus ouverts sur des sujets comme la dépression, le suicide. On en parle, et c’est important de ne pas avoir peur ou de ne pas être gêné quand on fait face à des situations comme ça. »

Elle estimait important de trouver une voix, en créant un personnage qui a presque son âge. Riley a 19 ans. « Je voulais utiliser une voix qui n’a pas peur d’aborder des sujets comme ça et de les mettre en lumière. Je voulais en faire le centre de mon histoire. »

UNE RÉALITÉ

L’histoire de Riley dépeint, à son avis, une réalité qui n’est peut-être pas celle de toutes les jeunes filles qui se retrouvent dans le milieu de la prostituti­on, mais qui s’en rapproche.

« Il y a des milieux qui sont beaucoup moins mauvais que ça, d’autres qui sont vraiment pires que ce que j’ai écrit. Mais c’était important pour moi de montrer que ça existe, que ça fait partie de notre réalité. »

Il n’y a rien d’autobiogra­phique dans son livre. « Les sujets difficiles, comme la prostituti­on, sont de la fiction. Je ne connais personne qui a été touché par cela ni qui l’est présenteme­nt. »

« PERSONNAGE FORT »

Elle est fière d’avoir créé le personnage de Riley, une jeune femme attachante qui n’a pas peur de prendre sa place.

« Je voulais avoir un personnage fort, qui ne se laisse pas piler sur les pieds, qui n’a pas peur de hausser la voix pour dire ce qui est injuste. Je suis fière d’avoir bâti un personnage aussi imparfait, mais en même temps, parfaiteme­nt adorable. »

Maé Senécal s’est inspirée de son grand-père pour créer le personnage de Fernand. « Mon livre, je l’ai dédié à mon grand-père et à ma grand-mère. C’était une manière de faire mon deuil et de leur rendre hommage. »

■ Maé Senécal étudie en communicat­ion marketing à l’UQAM.

■ Elle habite à Saint-Constant.

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ET J’AI CRIÉ SUR LES MURS DE TA VILLE Maé Senécal Les Éditions de l’Homme 416 pages

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