Le Journal de Quebec - Weekend
LES BIBITTES DES RELATIONS AMOUREUSES
Écrivaine douée, experte pour disséquer les grandes émotions humaines, la Française Katherine Pancol fait écho entre le monde des humains et celui des insectes dans son nouveau roman. Bed Bug, un livre savamment mené et très divertissant, jette un oeil sur les bibittes qui passionnent les scientifiques et celles qui, au figuré, pourrissent les amours et les relations humaines.
Rose, jeune héroïne de ce roman, est biologiste. Elle poursuit des recherches très spécialisées à Paris et à New York sur une luciole qui semble très prometteuse pour la recherche médicale.
Même si elle est une spécialiste de l’alchimie sexuelle des insectes et leur reproduction, rien ne va dans sa propre vie amoureuse.
Quand elle tombe raide dingue de Léo, un autre chercheur, elle perd tous ses moyens. Et il semble que ce n’est pas sa mère ni sa grand-mère qui sont en mesure de l’aider.
LES CHERCHEURS
En entrevue, Katherine Pancol explique qu’elle s’est intéressée au petit monde des insectes après qu’un biologiste travaillant au CNRS est allé la rencontrer en séance de signature.
Il lui a dit qu’il travaillait sur une petite crevette rose de 3 mm qui vit à Cuba, dans une grotte, et qu’il espérait faire un antibiotique puissant à partir de sa carapace.
Un an plus tard, elle a communiqué avec lui de nouveau quand elle a commencé à travailler le personnage de Rose.
Il l’a orientée vers un copain biologiste qui travaille sur les insectes-médicaments. « Il étudie une luciole alsacienne pour traiter le cancer. C’est comme ça que j’ai été mise en contact avec le monde des insectes. » Cet univers l’a complètement fascinée. « J’ai rencontré ce monsieur et il m’a parlé de ses recherches. C’est fascinant parce que tout est vrai, dans le livre. Je n’ai rien inventé. Tout ce que je raconte sur les insectes est absolument vrai. » Elle a été très étonnée de ce qu’elle a découvert. « Je trouve ça incroyable, moi ! », dit-elle, citant les moeurs bizarres d’une moucheronne qui liquéfie et détruit littéralement son partenaire pendant l’accouplement.
LES TRENTENAIRES
Faire le parallèle entre le monde des insectes était tout aussi intéressant. « Rose, qui est habituée à la sexualité animale, quand elle se retrouve confrontée à sa propre sexualité, pense à celle des insectes. »
Rose, son personnage, est assez inhabituelle. « J’ai beaucoup interrogé des femmes de 30 ans qui sont un peu dans le même cas que Rose. Et je me suis rendu compte que c’était des femmes qui étaient très professionnelles, qui avaient souvent un boulot qu’elles adoraient, qui savaient comment se comporter dans le monde du travail, se faire respecter. »
Rose, dès qu’elle est confrontée à ses émotions, soit face à sa mère, qui la détruit, ou face à Léo, l’homme qu’elle aime, ne sait plus quoi faire.
« C’est totalement contradictoire: elle le veut, elle le veut pas, elle le repousse, elle le désire, elle n’a plus de bases. Quand elle est confrontée aux émotions, elle est perdue. »
COMME UNE ENTOMOLOGISTE
Katherine Pancol a fait un peu comme une entomologiste, dit-elle.
« Je suis entrée dans la cervelle de Rose et j’ai raconté ce que je voyais. L’envie d’aimer, la possibilité d’aimer, l’envie de désirer le corps d’un homme, et quand ça se présente, l’espèce de rejet. Et en même temps, le pauvre type, il n’est pas très doué non plus ! », ajoute-t-elle avec humour.
« Il y a un dialogue impossible entre ces deux personnes qui ont tellement envie de s’aimer, mais qui n’y arrivent pas. Chacun est enfermé dans sa capsule de travail, de problèmes. Rose est empêtrée dans son corps, dans ses désirs, dans son enfance. »
■ Katherine Pancol est un des plus grands phénomènes d’édition de ces dernières années.
■ Elle connaît un succès mondial avec ses best-sellers qui sont traduits dans 30 pays.
■ La série des Crocodiles et la trilogie Muchachas sont devenues des classiques.