Le Journal de Quebec - Weekend
ÉCHO AU DUR PARCOURS DES RÉFUGIÉS
Faisant écho au dur parcours des réfugiés, la romancière jeunesse Annie Bacon propose cet automne un riche conte initiatique pour tous,
La promesse du fleuve. Campé dans un pays imaginaire où être différent peut être fatal, ce roman de fantasy engagé met en scène une jeune fille et son petit frère qui, au péril de leur vie, doivent s’exiler dans l’espoir de trouver un monde meilleur.
MARIE-FRANCE BORNAIS
Le Journal de Québec
Après la mort de leurs parents, victimes d’un incendie dans la contrée de Morne Plaine, où les calamités surviennent les unes après les autres, Babette et Odilon décident de partir.
Comme d’autres fuyards, ils se lancent sur la route, en direction d’une contrée où les choses iront mieux, où ils pourront manger, se loger, vivre en paix. Mais Terre Promise, cette cité qui leur apparaît comme un havre de paix, n’en est peut-être pas un.
LA CRISE DES MIGRANTS
Jointe en Provence où elle séjourne pour quelques mois, Annie Bacon explique que son conte initiatique fait écho aux drames vécus par les réfugiés, un peu partout sur la planète.
« Le point de départ, pour moi, c’est la crise des migrants, confirme-t-elle. Elle m’a fait penser aux réfugiés et j’ai élargi le thème, à partir de là. Je suis partie de cette idée des réfugiés qui fuient leur pays à cause de la guerre, et ça s’élargit à tout ce qui est exil : exil volontaire, mais aussi exil forcé. Ça finit par inclure le rejet. »
La romancière s’est sentie particulièrement interpellée par la question de l’exil volontaire.
« Sans qu’il y ait quelqu’un qui te jette hors de chez toi, ce n’est plus pensable de rester là où tu es. Même si tu sais que ce sera très dur de t’en aller, tu n’as pas d’autre choix. J’aime l’idée que, quand tu pars, c’est avec l’espoir de quelque chose de mieux, ailleurs. S’il n’y avait pas cet espoir-là, tu ne partirais pas. »
SITUATIONS DRAMATIQUES
Ce sont des jeunes — Babette et son petit frère Odilon — qui s’exilent dans
La promesse du fleuve. Le conte montre donc des situations dramatiques, du point de vue des enfants.
Mais il y a un renversement des rôles dès l’arrivée du personnage de Dammal, un adulte qui a une naïveté que Babette n’a plus.
« C’est l’adulte qui a le regard le plus naïf, qui a envie de faire confiance aux autres, et ce sont les deux enfants qui sont écorchés. »
Annie Bacon écrit pour les jeunes, mais considère que La promesse du
fleuve de même que les Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage sont des oeuvres universelles. « Je crois qu’un adulte peut lire La promesse du fleuve et y trouver son compte. »
Elle a senti, en écrivant ce conte, qu’elle allait toucher les gens et que ce serait un projet important. « Je m’identifie surtout à Babette et il y a des bouts intenses, avec son frère, où je me suis fait pleurer en écrivant. »