Le Journal de Quebec - Weekend

PAPA VA FAIRE PARTIE DE MA NOUVELLE AVENTURE »

Lynda Lemay a décidé, en juin 2017, de prendre un rare temps d’arrêt dans sa carrière, au moment où son père adoré, Alphonse, est décédé. Il avait 88 ans. À la suite de cette perte douloureus­e, la chanteuse a pris soin d’elle et des siens, tout en remetta

- SAMUEL PRADIER

Habituée à être constammen­t sur la route, d’un bord ou de l’autre de l’Atlantique ou entre deux vols, Lynda Lemay n’avait jamais réellement pris le temps de se poser et de se reposer du tourbillon dans lequel elle vivait depuis plusieurs décennies. Au printemps 2017, elle a toutefois décidé d’annuler tous ses engagement­s pour rester auprès de son père, gravement malade, et de sa famille.

Malgré le temps qui a passé, elle parle encore de cette période avec émotion. « J’ai perdu mon papa il y a deux ans et demi, nous confiait-elle récemment. Ça a mis fin abruptemen­t à la dernière tournée que je faisais. Il restait quelques dates à mon agenda, et j’ai dû les annuler pour rester au chevet de mon père, qui a eu une maladie fulgurante. »

Lynda et son père entretenai­ent une relation fusionnell­e. Un de ses plus grands succès reste d’ailleurs la chanson Le plus fort, c’est mon père, qu’elle avait écrite en son honneur. « Le deuil ne s’est pas fait facilement. Ce n’est jamais facile, mais je dirais qu’il se fait naturellem­ent. On était toutes là, les filles de la famille. On est restées auprès de lui ; on a toutes été présentes les dernières semaines, et on l’a entouré d’amour. »

Étrangemen­t, la chanteuse garde un souvenir intact des banalités qui se sont passées immédiatem­ent après le décès de son père. « C’est insultant, la mort. Je me rappellera­i toujours le moment où papa est parti. Après ça, on ramasse les verres et on vide la place : c’est terminé. C’est dur à vivre. »

Même s’il est décédé d’une maladie fulgurante, Lynda Lemay a pu passer des moments très intimes et complices avec son père. « Juste avant son départ, on avait commencé à écrire des chansons ensemble, mon père et moi. Elles sont à la base de mon prochain projet. Tout cela est né de ces derniers moments avec lui. Ensuite, j’ai pris le temps de digérer tout ce qui venait de se passer. [...] J’en avais besoin, et tout le monde autour de moi en avait besoin aussi. On repart de façon solide et très inspirée. Et je suis heureuse, car papa va faire partie de ma nouvelle aventure, puisqu’il est à l’origine de tout ça. »

CRÉER EN TOUTE LIBERTÉ

Lynda Lemay travaille depuis plusieurs mois sur son nouveau projet. « J’habite quasiment au studio. L’annonce du projet sera faite officielle­ment d’ici quelques semaines. Pour l’instant, je peux juste dire que ça va être plus qu’un album. Il y a beaucoup de chansons, et un spectacle accompagne­ra le tout. C’est encore en création, et je me surprends moimême avec toutes les idées qui me viennent. Je me sens totalement libre dans ce projet, et je veux garder cette liberté le plus longtemps possible afin de pouvoir encore décider de faire des changement­s ; c’est pour cela que je ne veux rien dévoiler. »

Avec sa générosité habituelle, Lynda Lemay nous a toutefois confié le titre de l’album, Il était onze fois, et celui du spectacle, La vie est un conte de fous. « Pour ce projet, il y a beaucoup de changement­s dans ma façon d’aborder la musique. Plusieurs chansons ont été composées au piano. Je joue du piano, alors que je n’en jouais pas avant. L’année passée, j’ai découvert, en mettant mes mains sur un piano, que j’avais comme appris à jouer sans forcément avoir réellement appris. » LE PIANO, UNE RÉVÉLATION

À force de jouer de la guitare et de faire de la musique, la pratique du piano semble lui être venue instinctiv­ement. « Une nuit, je me suis mise au piano et j’ai commencé à pianoter ; c’était comme une révélation pour moi. Quand on apprend à jouer d’un nouvel instrument, ça ouvre les horizons. Ça faisait 30 ans que je jouais seulement de la guitare. En y ajoutant cette nouvelle passion pour le piano, ça donne une autre couleur à la musique que je crée. Je ne suis pas devenue pianiste du jour au lendemain, mais c’est vraiment le fun. Je me fais plaisir. »

Pour l’écriture des textes, Lynda Lemay, par contre, n’a pas changé sa façon de fonctionne­r. « Je ne force rien et je ne calcule jamais rien. Je peux dire que je suis retombée dans le bonheur de la création encore plus que dans les dix dernières années. Je n’étais pas perdue, mais à ne jamais prendre de pause dans une carrière, on oublie un peu ce qui nous rend si heureux dans ce métier. » Lynda a annoncé plusieurs dates de rodage, au Québec et en France, de son nouveau spectacle.

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