Le Journal de Quebec - Weekend

RACONTER UNE FEMME HORS DU COMMUN

S’inspirant de la vie de sa mère Monique, une femme hors du commun qui a décidé d’aller travailler à Puvirnituq à 70 ans, l’écrivaine Michèle Plomer raconte une superbe relation mèrefille dans son nouveau roman, Habiller le coeur. Elle en profite pour fai

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Dans ce roman, on retrouve avec bonheur la belle plume de Michèle Plomer, ses réflexions, sa façon de voir le monde.

En écrivant Habiller le coeur, elle s’est questionné­e sur ce qu’on peut faire après avoir pris sa retraite – et dans ce cas il n’est pas question d’abandonner ses rêves.

Son roman magnifique rend hommage à sa mère, Monique, une femme qui a tout quitté du jour au lendemain pour aller travailler dans l’Arctique.

« Je sais que ma mère, c’est l’héroïne d’un roman. Je la vois, au centre d’une histoire, depuis que je suis petite, et depuis que je suis auteure, certaineme­nt », assure Michèle Plomer en entrevue.

« Le volet “Monique partant au Nord” m’a donné la poigne, en tant qu’auteure, sur comment mettre en lumière la vie extraordin­aire et riche de ma mère, mais aussi de nos mères, qui sont nées dans les années 1940. Elles ont évolué dans une mentalité du Moyen-Âge dans les années 1950 et 1960 et ont défoncé tellement de portes pour nous ! »

L’écrivaine voulait mettre cela en valeur pour montrer aussi d’où venaient ces femmes – de Cartiervil­le, de ce Montréal des années 1950 et 1960.

« Mes parents ont eu une vie de beatnik, de bohèmes, comme c’était possible de le faire à l’époque. La religion, à l’époque, c’était le jazz, et ils allaient à la rencontre de la planète musicale. Et cette planète venait à eux. C’est assez incroyable de voir tout ce monde du jazz dans le décor victorien du Golden Square Mile, de la Montréal encore très anglophone de cette époque-là. »

TRAVERSER LE MIROIR

Pour s’épanouir, Monique, qu’elle appelle « Mo » dans le roman, a dû traverser le miroir. « Elle a dû traverser le boulevard Saint-Laurent, passer de l’est à l’ouest, passer du côté anglophone finalement. Cette Montréal des années 1950 me fascine – je la trouve très envoûtante, et ça m’a fait plaisir de mettre en scène ce volet de notre passé collectif, québécois ou montréalai­s. » La mère de Michèle, d’origine acadienne, est vraiment partie travailler dans le Nord-du-Québec, pour les services sociaux, après avoir pris sa retraite. « Tout ce qu’il y a dans le roman est vrai. Ma mère n’est pas reposante… Elle est l’héroïne de ma vie. Elle s’est inscrite à l’université quand j’avais 7 ans. Elle fumait et se mettait du vernis à ongles sur les orteils pendant qu’elle conduisait. Je la regardais, et je la trouvais belle. Flyée. Des fois apeurante… mais extraordin­aire. »

LE NORD-DU-QUÉBEC

À travers l’expérience de Mo, l’auteure parle du Nord-du-Québec – le grand méconnu – et nous le fait voir autrement.

« Elle est arrivée là à 70 ans, avec sa démarche lente. Tu ne peux jamais scandalise­r ma mère: elle a travaillé à la DPJ toute sa carrière. Elle a tout vu. »

Elle a tout de suite été adoptée par la communauté à Puvirnituq. « C’est comme si elle était née pour être là. C’est comme si, à l’âge de 70 ans, elle me témoignait qu’elle vivait les meilleurs moments de sa carrière. C’est tellement un message d’espoir! »

Michèle Plomer a écrit sept romans, dont Étincelle et Le jardin sablier.

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