Le Journal de Quebec - Weekend
OÙ TRACER LA LIGNE ?
Plusieurs comptent les jours, voire les heures : voilà maintenant douze semaines de confinement que les Québécois ont investi collectivement pour se protéger, autant que faire se peut, des effets néfastes de la COVID-19.
Ce fut un effort colossal: il a bien souvent fallu se couper d’une partie de notre famille, de nos amis, de notre milieu de travail et d’une foule de choses essentielles à notre vie, à notre bien-être… et parfois aussi à notre santé. Nous avons été sages, disciplinés et suivi les consignes à la lettre; c’est maintenant l’heure des récompenses, du lâcher-prise et d’avoir du « fun » ! Mais attention…
LES PÉRILS D’UN PRINTEMPS TROP LIBÉRATEUR
Comme les hivers québécois nous forcent bien souvent à vivre en ermite et à l’abri des températures glaciales, les premières vraies belles journées chaudes et ensoleillées du printemps nous poussent bien souvent à prendre d’assaut les terrasses et les parcs dès la première occasion. Or, l’hiver que nous venons de traverser fut beaucoup plus rude que les autres, non pas à cause du froid, ni encore des tempêtes. La présence du coronavirus et ses misères (insécurité financière, conflits familiaux, désorganisation du système de santé, solitude, inquiétude pour la santé de ses proches, pour n’en nommer que quelques exemples) ont rendu notre quotidien hivernal encore plus difficile.
L’annonce de ce déconfinement graduel, devenu possible en raison de la baisse du nombre de cas, s’avérait nécessaire pour notre santé mentale, qui avec le temps commençait à s’effriter. L’accumulation de frustrations, de tristesse, de colère, et de découragement était devenue lourde à porter, d’où l’importance pour la santé publique de relâcher (un peu) la bride.
TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : UN DÉFI DE TAILLE POUR CHACUN DE NOUS
Si la réouverture des commerces, la reprise de certaines activités et le retour de certains types de rassemblements extérieurs font la joie de plusieurs, ceux-ci engendrent aussi une source d’inquiétudes pour une grande partie de la population craignant un trop grand relâchement.
À cette étape, et encore davantage durant ce déconfinement qui s’effectuera graduellement tout au long de la belle saison et des mois à venir, il faudra s’assurer de trouver le juste équilibre entre assurer la sécurité de la population et de notre famille, tout en profitant des libertés rendues possibles dans le cadre de ce déconfinement.
Le maintien de cet équilibre nécessaire à notre santé physique et mentale sera difficile pour nous tous. Notre envie d’aller vers les autres, de nous rassembler s’entrechoquera avec les incitations à la prudence des autorités, le tout sans compter la conduite et les comportements qui varieront inévitablement pour chacun.
DEMEURER À L’AFFÛT… MALGRÉ LA PEUR QUI DIMINUE
Avec le retour graduel des sorties, des retrouvailles et des rassemblements, la peur va peu à peu se déconditionner et ainsi diminuer avec le temps. De plus en plus, on retrouvera un certain confort et certaines des activités dont nous avons été privés, ce qui pourrait laisser place à une baisse de vigilance… et c’est précisément là où il y a un risque.
Car ce confort retrouvé ne signifie pas la fin de la pandémie ni la disparition du coronavirus, bien au contraire. Il faut donc garder à l’esprit que la suite des choses nous appartient: si nous respectons collectivement les consignes de sécurité et demeurons prudents malgré les libertés qu’ont rendu possibles ce déconfinement, nous minimiserons les risques et l’ampleur d’une deuxième vague… et d’un retour à la case départ. Ce retour à zéro serait extrêmement pénible, surtout après avoir fait tous ces efforts que l’on ne voudrait certainement pas avoir faits pour en arriver là.
Demeurons sensibles à cette peur qui diminuera avec le temps et au retour d’une certaine normalité qui pourrait nous faire baisser la garde trop rapidement. Dans le plaisir de sortir, de nous retrouver, restons prudents, à l’affût, et demeurons vigilants… ce sera infiniment plus profitable, et ce, pour chacun de nous.