Le Journal de Quebec - Weekend

« MONTRÉAL M’A SAUVÉ LA PEAU

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com

Il y a un bon moment qu’Emmanuelle Béart n’a pas visité le Québec, sa terre d’adoption. « Trop longtemps », précise-t-elle. Mais elle promet d’y revenir, et ce, plus tôt que tard. Car les années passées à Montréal resteront à jamais gravées dans sa mémoire. « Je ne sais pas ce que je serais devenue sans votre ville », confie l’actrice française.

Si le lien – très fort – qui unit l’actrice française à la métropole est méconnu de certains, il n’en est pas moins bien documenté. C’est ici même, à Montréal, qu’Emmanuelle Béart a passé une partie de son adolescenc­e, passant par les bancs du Collège internatio­nal Mariede-France. Ces années, elle ne le cache pas, ont été salvatrice­s.

« Montréal m’a sauvé la peau », laisset-elle tomber sans détour.

« J’étais une adolescent­e extrêmemen­t difficile. Si je n’avais pas été envoyée à Montréal, je ne sais pas ce que je serais devenue », réitère-t-elle, au bout du fil depuis la France.

MONT-TREMBLANT ET LAC MANITOU

Depuis, ses visites en sol montréalai­s ont été régulières, mais se sont espacées graduellem­ent au fil des ans. Mais ce lien, lui, n’a rien perdu de sa force.

« La vie suit son cours. J’ai eu un, deux, puis trois enfants. Comme toutes les femmes d’aujourd’hui, j’ai une vie qui est très complexe, je voyage moins. Mais le mont Tremblant me manque. Le lac Manitou aussi, les cafés, l’accent… Même les hivers rudes et les bottes de caoutchouc ! Tout de Montréal me manque », énumère l’actrice, avouant caresser le rêve d’y revenir pour présenter un film.

Mais le cinéma, ce n’est pas pour tout de suite, pandémie oblige. De toute façon, Emmanuelle Béart a de quoi s’occuper, s’affairant ces jours-ci à promouvoir l’héritage musical de son père, Guy Béart, foudroyé par une crise cardiaque il y a près de cinq ans.

Le premier volet de cet hommage, l’album De Béart à Béart(s), a été déposé dans les bacs hier. Sur ce disque double, Emmanuelle Béart prend ellemême le micro, tout comme des artistes de la trempe de Carla Bruni, Julien Clerc, Thomas Dutronc et Alain Souchon, pour revisiter les classiques du répertoire de son père.

UN PACTE À RESPECTER ?

Ce projet a toutefois bien failli ne pas voir le jour. Dans les mois précédant son décès, Guy Béart avait formulé le désir de se retirer complèteme­nt, ne souhaitant plus être mis de l’avant dans quelque projet que ce soit.

« Il n’avait plus du tout la volonté de s’exposer. Il avait pris cette décision, je crois, parce qu’il se préparait lentement pour son grand départ. Mais quand il nous a quittés, ma soeur et moi nous sommes demandé si on devait respecter ce pacte entre lui et Dieu, ou le trahir en fabriquant de nouveaux objets autour de sa vie et son oeuvre. On a choisi la deuxième option; on ne pouvait pas abandonner cet héritage artistique qui nous était légué », explique Emmanuelle Béart.

Cet album de reprise sera suivi, à l’automne, du lancement de l’oeuvre intégrale de Guy Béart. Ensuite? Les soeurs Béart travaillen­t sur un documentai­re sur la vie et l’oeuvre de leur père, le tournage étant pour l’instant interrompu par la pandémie de coronaviru­s.

« CONTINUER LA ROUTE »

S’agirait-il d’une manière de faire leur deuil ? Pas exactement, précise Emmanuelle Béart.

« Je n’aime pas le formuler de cette manière. Je vois ça comme l’occasion de poursuivre notre chemin avec lui. Et qui sait, ce faisant, on arrivera peut-être à comprendre l’énigme qu’était notre père. Mais pour l’instant, j’ai l’impression de continuer à faire ce qu’il aimait tant faire avec nous : discuter, philosophe­r, nous raconter sa manière de voir la vie. Tout ça, c’est encore là dans ses chansons », conclut-elle. L’album De Béart à Béart(s) est maintenant sur le marché.

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PHOTO COURTOISIE
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