Le Journal de Quebec - Weekend

« CE QUI M’IMPORTE, C’EST LA RÉPONSE DU PUBLIC. »

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Marc Hervieux est un cas unique. Entré au conservato­ire sans savoir lire la musique, il a chanté partout dans le monde, endossé les plus grands rôles de l’opéra, avant de décider, un jour, envers et contre tous, d’ajouter la musique populaire à son répertoire. Entre Verdi et Éric Lapointe, le coeur du ténor québécois a choisi les deux.

Que les puristes du chant lyrique qui lui ont fait les gros yeux se le tiennent pour dit : le chanteur, qui vient de célébrer ses 51 ans, n’a pas l’intention de dévier de la voie singulière qu’il s’est tracée.

Il y a quelques jours, il a annoncé la sortie prochaine de deux albums, un classique et un pop, restant ainsi fidèle à une dualité artistique qu’il entretient avec succès depuis son virage pop en 2008.

Succès ? Laissons le principal intéressé déballer les chiffres. « Depuis onze ans, j’ai fait au Québec des tournées complèteme­nt classiques, complèteme­nt pop ou un peu des deux, et j’ai cumulé entre 125 et 140 concerts par année. Nous avons fait le calcul récemment et nous sommes à 97 % de taux d’occupation des salles. J’ai vendu presque 500 000 albums. »

Ces chiffres éloquents trouvent un appui sur la qualité. Les projets de Marc Hervieux laissent une empreinte. Citons un exemple mémorable parmi tant d’autres. Une décennie plus tard, son duo avec Ginette Reno sur Fais-moi la tendresse donne encore des frissons.

Allez maintenant lui dire qu’il fait fausse route. « C’est le public qui te répond, ça ne ment pas. Moi, c’est ce qui m’importe. Les critiques du milieu classique, ça ne compte pas. »

DOUTES PANDÉMIQUE­S

La COVID-19 a cependant réussi là où les critiques ont échoué : le faire douter.

Quand ses engagement­s se sont mis à s’effacer les uns après les autres dans son agenda, Marc Hervieux avoue qu’il a pensé que sa carrière de chanteur n’allait pas survivre à la pandémie.

« C’est-tu de même que ça va s’arrêter ? », se demandait le ténor, au plus fort de la crise.

Aujourd’hui, il est plus optimiste même s’il convient que « ce ne sera pas évident. »

Pourtant, lui fait-on remarquer, n’est-ce pas là un défi à la mesure d’un gars qui a fait son chemin à sa manière dans le monde de la musique, un gars qui a failli être renvoyé à quatre ou cinq reprises du conservato­ire ?

« C’est évident, convient-il, parce que je suis un battant, parce que je suis un gars qui a sans arrêt des projets. La période de confinemen­t m’aura aussi permis d’en amorcer deux ou trois. On n’a pas le choix. Je ne veux absolument pas utiliser le mot réinventer, mais il faut quand même trouver des façons de faire notre métier. »

NOSTALGIE AU CINÉ-PARC

Parlons-en de se réinventer. Comme les Marc Dupré, 2Frères et Brigitte Boisjoli au cours des derniers jours, Marc Hervieux a dit oui à la propositio­n de donner un concert en formule ciné-parc. Dans un curriculum vitæ qui sort déjà de l’ordinaire, il pourra ajouter la ligne « J’ai chanté devant des voitures stationnée­s ». « Jamais, insiste-t-il, j’aurais imaginé ça de toute ma vie, même si j’ai imaginé toutes sortes d’affaires weird. Ça, non. Je n’aurais pas pensé passer d’une salle de concert magnifique à des chars qui vont klaxonner pour m’applaudir. » C’est dit avec humour et le ténor a d’ailleurs pris le parti d’aborder cette série de concerts avec un regard nostalgiqu­e.

« C’est un drôle de clin d’oeil pour moi. Quand j’étais enfant et que nous allions au chalet, nos voisins que je fréquentai­s allaient au ciné-parc tous les samedis soir et ils m’invitaient. Plus tard avec mes filles, c’est aussi devenu une sorte de petite tradition, on y va toujours au moins une fois par été. »

2020 ne fera pas exception, mais ce sera papa la vedette de la soirée.

Marc Hervieux anime l’émission La Dolce Vita, diffusée sur les ondes d’ICI Musique et ICI Musique classique.

Dans le cadre de la série TD musiparc, il sera en concert le 1er juillet à Mirabel, le 2 juillet à Gatineau, le 3 juillet à Mercier, et le 5 à Québec.

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