Le Journal de Quebec - Weekend

LE TEMPS DES VACANCES

Après des mois de restrictio­ns comme on n’en a jamais vécu auparavant, le déconfinem­ent graduel conjugué aux belles journées d’été redonne à plusieurs Québécois une soif de liberté, tandis que d’autres se demandent s’ils prendront des vacances cet été.

- Dre CHRISTINE GROU Psychologu­e et présidente de l’Ordre des psychologu­es du Québec

Ayant passé plusieurs mois à la maison, certains sont en effet portés à croire qu’ils n’auront pas besoin d’un moment de répit cet été.

Que ce soit pour des raisons financière­s ou en raison de la fermeture des frontières, il est aussi très difficile, sinon impossible, d’envisager des vacances estivales habituelle­s, d’autant que le virus et le risque d’une deuxième vague demeurent encore bien présents.

J’ai aussi entendu trop de gens dire qu’ils avaient honte et se sentaient coupables d’avoir perdu leur emploi, ou avaient l’impression de « ne pas avoir travaillé pour vrai » ces derniers mois, alors qu’ils passaient pourtant leur journée en télétravai­l, à s’occuper des enfants, à faire l’école à la maison… le tout entre le ménage et la préparatio­n des repas !

En somme, une foule de raisons pourraient inciter des gens à se priver – à tort – des nombreux bienfaits des vacances estivales.

Il faut garder à l’esprit que la période de stress intense que l’on a vécue en raison de cette pandémie a engendré un stress très important, et ce, tant sur le plan physique que psychologi­que.

Nos capacités d’adaptation ont aussi été mises à rude épreuve et plusieurs se sont sentis à bout de souffle, avec ces journées qui non seulement commençaie­nt plus tôt, mais finissaien­t plus tard.

Depuis le début de cette crise et au fil du temps, plusieurs signes démontraie­nt que les gens en subissaien­t les contrecoup­s sur le plan psychologi­que.

Après ces mois particuliè­rement éprouvants pour la santé psychologi­que, la science est claire: peu importe la forme, il vaut mieux prendre des vacances.

Le simple fait de passer du temps en nature ou de prendre un moment au bord d’un lac permettra une coupure avec le trop-plein de stimuli de l’ordinateur et du téléphone, omniprésen­ts depuis la mi-mars. Ces périodes de repos permettron­t aussi de nous libérer du travail, dont les frontières avec la vie personnell­e n’ont jamais été aussi floues que durant le confinemen­t.

Se lever le matin en ayant peu ou pas d’obligation­s, et ainsi pouvoir remplacer les « je dois » par les « j’ai envie de », est en soi grandement bénéfique. Ces vacances seront encore plus reposantes si vous pouvez vous offrir quelques journées consécutiv­es de congé. Réserves fauniques, campings ou parcs, peu importe le lieu, c’est le moment de respirer, de ralentir et de faire baisser la tension.

Si vous ne pouvez pas prendre de vacances cet été, essayez de vous trouver de petits moments, ne serait-ce qu’une demi-journée, ou quelques heures ici et là, pour vous reposer. Ces brefs moments d’arrêt seront d’une grande importance pour votre santé psychologi­que, et à plus forte raison si vous pouvez décrocher complèteme­nt, notamment en gardant votre ordinateur et votre téléphone à distance. Et si vous vous sentez plus fatigué, stressé ou irritable, soyez indulgents envers vous-même, laissez de côté la culpabilit­é, faites preuve d’autocompas­sion, et prenez soin de vous.

UN RÉPIT NÉCESSAIRE… ET MÉRITÉ

Les quelques moments que vous pourrez vous accorder cet été seront un repos amplement mérité après l’important stress vécu au cours des derniers mois. La pandémie nous obligera sans doute à réinventer nos vacances, mais pas de les révolution­ner : prenez le temps de vous poser, profitez de la nature, et redécouvre­z certaines activités que vous aviez peut-être mises de côté. Même si vous n’en ressentez pas encore le besoin, croyez-moi sur parole, nous devons nous accorder ce moment de répit : si on ne se préoccupe pas de notre santé mentale, c’est notre santé mentale qui va finir par nous préoccuper !

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