Le Journal de Quebec - Weekend
TÉLÉTRAVAIL SAVOIR ADAPTER SON ART
Du jour au lendemain, les musiciens Stéphane Lévesque et Anna Burden ont cessé de jouer avec leurs collègues de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et devant public. Durant un mois de mars qui s’annonçait fort chargé, ils ont été privés de concerts et de répétitions en groupe.
Malgré cela, ces partenaires sur scène et au quotidien ont tenu à développer, maîtriser et partager leur art. Un travail différent et rempli de défis.
« Ce fut un gros changement pour nous de n’avoir eu aucun concert, reconnaît la violoncelliste. Ce fut un changement de rythme, de focus. Notre routine entière a dû être différente. Nous sommes habitués à avoir plusieurs concerts pour lesquels nous devons pratiquer, mais l’inspiration pour qu’on continue devait provenir d’ailleurs. »
RESTER MOTIVÉS
Comment garder la motivation quand on ne peut plus exprimer son art de la même façon? Il faut « jouer pour soi, garder le contact avec ses muscles et son âme », dit celui qui souffle dans le basson.
« Nous nous sommes fixé de petits buts à atteindre, nous en avions besoin, ajoute Anna Burden. Nous avons aussi pris un temps de pause ici et là, mais peutêtre pas en même temps. Pour moi, c’était de conserver un moment pour pratiquer chaque jour, même si je ne sais pas exactement pourquoi je pratique. J’essaie d’apprendre de nouvelles partitions, ce que je n’aurais habituellement pas le temps de faire... »
« On a eu aussi à se remettre en forme pour enregistrer quelques oeuvres en orchestre réduit au début du mois de juin, renchérit son amoureux. C’était bon comme but, c’était quelque chose de concret. Il y a aussi le luxe qu’on a de pouvoir revoir ou apprendre du répertoire pour notre instrument qu’on ne ferait pas pour le plaisir. »
ROUTINE
Rapidement, ils ont cru en l’importance de continuer à jouer malgré l’incertitude planant autour de la colonie artistique. Ils ont donc instauré une routine en s’assurant d’effectuer « des choses toutes simples comme se lever le matin, pratiquer tous les jours, sortir dehors tous les jours, cuisiner et manger ensemble », précise la musicienne.
« C’est devenu une autre routine, mais qui était aussi nécessaire pour qu’on garde notre attention, qu’on ne se dise pas que c’était simplement des vacances et qu’on laisse faire l’instrument... », ajoute Stéphane Lévesque.
Tous deux ont aussi continué à enseigner – mais virtuellement –, monsieur pour une académie à Orford et madame auprès d’enfants, via Zoom et FaceTime. De plus, ils ont joué sur le web. Tout ça parce qu’il était primordial pour eux de faire résonner leur art.
« Je ne voulais pas dire non plus que la pandémie était déprimante et qu’elle était une excuse pour délaisser l’instrument », explique le musicien.
Toujours prêt à faire face à la musique, le couple s’est adapté à une nouvelle réalité pour le moment synonyme de mini-concerts dans le cadre de la série Les quar
tiers d’été OSM. Des prestations sont offertes dans différents lieux extérieurs montréalais.
« C’est le fun de pouvoir apporter de la musique aux gens dans la ville, vu qu’ils ne peuvent pas venir à la Maison symphonique. Ça fait aussi du bien de jouer pour du public et pas seulement faire des vidéos par ordinateur chez nous. »