Le Journal de Quebec - Weekend
REVISITER UNE ENFANCE ATYPIQUE
Prêt à raconter son enfance dans un roman autobiographique, l’écrivain Bryan Perro, auteur de la série culte Amos Daragon, partage des bribes d’une jeunesse pas comme les autres dans son nouveau livre, Eul’Blond. Nager un mille à cinq ans, courir le marat
Avec tout le talent qu’on lui connaît pour la métaphore, les liens avec la nature, les rites de passage et la mythologie, Bryan Perro compare son cheminement à celui d’un gaou, veau d’un grand gnou. Lui, le petit gaou, n’est pas blond, mais son père le gnou le surnomme Eul’Blond. Et tient mordicus à ce qu’il participe à la « grande migration » de 1980, à Montréal : quarante-deux kilomètres de course, à 12 ans.
Racontant à la fois ces exploits et la relation difficile avec son père, Bryan fait revivre les années 1980. Ceux et celles qui ont grandi à la même époque – en Mauricie de surcroît – reconnaîtront tout de suite les références.
Les parcours initiatiques ne sont jamais sans danger et Bryan le montre, avec toute une palette d’émotions, au fil des pages.
En entrevue, Bryan explique avoir eu envie de refermer un chapitre de sa vie familiale, à sa façon, en écrivant ce roman autobiographique captivant, sincère et d’une grande force d’évocation.
Le livre est né de sa volonté de se reconnecter avec son père, régler des affaires, jaser… mais ça ne s’est pas matérialisé. « Mon père est décédé en novembre 2019. Je ne lui avais pas parlé les dix dernières années de sa vie. Je l’ai revu à l’hôpital, une dernière fois. Et quand je suis revenu de là, je me suis dit : cette histoire-là n’est pas complète. Il faut que je me remette dedans. »
La mort de son père a libéré sa parole, et l’écrivain s’est mis à écrire l’histoire de sa jeunesse atypique, où son père était omniprésent, et où tout était axé sur le sport. « C’est l’histoire d’un jeune garçon de 12 ans qui court le Marathon de Montréal, ce que j’ai fait, moi, à l’âge de 12 ans, en 1980. »
MOMENTS DIFFICILES
Eul’Blond n’est pas un roman jeunesse, il le précise. « C’est pour les parents. Pour qu’ils voient l’influence qu’ils peuvent avoir. Et comment, quelque part, cette influence peut être négative parce qu’il y a des moments difficiles dans l’enfance et j’en ai vécu plusieurs. »
L’écriture n’a pas été facile. « Le but, c’est d’essayer d’être honnête, et la principale difficulté, c’est d’être honnête envers soi. Et c’est d’être authentique dans cette démarche. Oui, c’était parfois difficile, mais ça a fait le point, vraiment, sur ma jeunesse. »
AMOS DARAGON
Par ailleurs, Bryan demeure un créateur très occupé. Les 16 premiers épisodes de l’adaptation en dessins animés de la série Amos Daragon sont terminés et la diffusion débutera en janvier à Radio-Canada.
« C’est très bien. C’est autre chose que la littérature, bien sûr, mais c’est vraiment tripant. Ils ont fait une super job et je suis très heureux. C’est un produit qui est déjà très demandé : Radio-Canada vend les droits à l’international et aux dernières nouvelles, il y avait de l’intérêt de 17 pays. »
Avec le recul, il est fascinant de voir que les personnages créés il y a plus de 15 ans prennent vie, de différentes manières. « Il y a eu les spectacles, on a fait notre premier spectacle en salle l’été dernier aussi. De voir Amos Daragon démultiplié, c’est ben l’fun. »