Le Journal de Quebec - Weekend
DEBBIE LYNCH-WHITE EN MISSION
Debbie Lynch-White veut s’impliquer. Après avoir épousé la cause de quelques organismes LGBTQ+, la comédienne souhaite maintenant en faire davantage. Pour marquer le coup, elle propose une première série documentaire intitulée Histoires de coming out. « Je sens que je suis assez solide dans mes bottes pour aller plus loin », déclare-t-elle au Journal.
Produit par N12 Productions (Proprio en otage, L’avant-match des
foodies) en collaboration avec Québecor Contenu, ce docu-réalité de 12 épisodes prendra l’antenne de MOI ET CIE cette semaine. Comme son titre l’indique, Debbie Lynch-White y rencontre des personnes ayant effectué leur coming out.
L’actrice de 35 ans reçoit également les confidences d’artistes ayant franchi une telle étape, dont Pierre Lapointe, Roxane Bruneau, Félix-Antoine Tremblay et Simon Boulerice.
« J’ai fait mon coming out à 29 ans, raconte-t-elle au téléphone. Ça m’a pris un certain temps pour tout absorber, pour voir comment j’avais envie de m’engager. J’avais aussi des choses personnelles à régler... Aujourd’hui, j’ai envie de dire qu’on existe. Depuis quelques mois, je fais des lectures militantes. On s’est caché trop longtemps. C’est fini. »
DE GRANDS ESPOIRS
À quelques jours du lancement d’Histoires de coming out, Debbie Lynch-White est fébrile. Quand on l’écoute parler avec enthousiasme des entrevues qu’elle a menées, on remarque qu’elle caresse de grands espoirs pour l’émission.
« J’espère qu’elle va avoir un écho. J’espère qu’elle va aider du monde. Parce que c’est vraiment ça l’objectif : aider les gens, changer les mentalités, faire en sorte qu’on vive dans une société encore plus ouverte… C’est ma façon de changer les choses. »
UN PROJET PERSONNEL
Histoires de coming out n’est pas seulement la première émission animée par Debbie Lynch-White ; c’est aussi la première qu’elle a initiée. L’idée est d’ailleurs née lors d’une discussion avec Marina Gallant, son amoureuse, qu’elle a épousée en 2017.
En pilotant une série dans laquelle elle demande aux gens de dévoiler – en partie, du moins – leur intimité, la comédienne savait qu’elle allait devoir s’ouvrir. « Quand tu demandes aux gens d’être généreux, tu dois l’être en retour, note-t-elle. Mais j’étais prête à plonger. »
UNE RENCONTRE MARQUANTE
Parmi les rencontres qui l’ont particulièrement marquée, Debbie Lynch-White signale celle avec Francine, une mère ayant coupé les ponts avec sa fille quand cette dernière a dévoilé son homosexualité. Devant l’objectif de Maude Sabbagh (Face à la rue ),à visage découvert, Francine raconte pourquoi, après une année de silence radio, elle s’est ravisée.
« J’étais vraiment heureuse qu’elle accepte mon invitation, déclare Debbie Lynch-White. Je suis certaine que son témoignage va inspirer des gens d’une autre génération, qui ont grandi alors que l’homosexualité était encore considérée comme un crime au Québec. Ce qui m’a le plus touchée, c’est de voir cette femme, qui s’était retirée dans son coin pour pleurer parce qu’elle craignait le regard des autres, m’en parler à la télé. Ça montre combien elle a cheminé. »
On sent Debbie Lynch-White émotive à quelques reprises au cours des épisodes. En entrevue, elle explique que c’est parce qu’elle comprend le parcours des participants. « J’appartiens à cette communauté. Et j’ai réalisé à quel point on a tous les mêmes peurs, les mêmes inquiétudes, les mêmes angoisses face au coming out .»
RÉPERCUSSIONS
Bien qu’elle fasse partie des rares comédiennes québécoises à afficher leur homosexualité, Debbie Lynch-White n’a jamais craint qu’en sortant du placard, sa carrière en souffre.
« Pour être honnête, je n’y ai pas pensé une seule seconde, clame-t-elle. Peut-être parce que pour moi, être qui je suis, c’est plus grand que tout. »
Debbie Lynch-White comprend néanmoins pourquoi certains collègues hésitent à lever le voile. Particulièrement les hommes.
« Pour les filles, j’ai l’impression que c’est plus facile. Je pense qu’au Québec, c’est plus dur pour les acteurs. Ils ont peur d’arrêter d’avoir tel et tel types de rôles… »
« Je sais qu’il y a beaucoup de chemin à faire, de questions à régler, de débats à avoir, mais j’ai confiance. J’ai confiance en l’imagination de notre industrie. Parce que jouer, c’est se transformer », ajoute-t-elle.
MAÎTRISE, SUITE ET FIN
Parlant de jouer, Debbie Lynch-White poursuit les tournages d’Une autre histoire, qui revient à Radio-Canada en septembre. Elle espère également remonter sur scène l’automne prochain au Théâtre Prospero à Montréal, puis en février 2022 au Quat’Sous. Mais ce qui l’occupera le plus au cours des prochains mois, c’est sa maîtrise en théâtre à l’UQAM, qu’elle a entreprise il y a quatre ans.
« Je dépose mon mémoire en septembre, précise-t-elle. J’ai hâte d’avoir fini. C’est beaucoup de travail. »
MOI ET CIE diffuse Histoires de coming out dès lundi à 21 h.