Le Journal de Quebec - Weekend
APRÈS LES TURBULENCES…
Moins de sarcasme, plus de sensibilité. Sally Folk montre son côté givré sur son nouvel album, Ô Psychologue, dont les chansons sont, comme le titre l’indique sans ambiguïté, le résultat d’une thérapie rendue nécessaire par les turbulences qui ont récemme
Au bout du cellulaire, Sally Folk résume de façon franche, concise et directe les quatre années « pas de tout repos » depuis la parution de son album précédent, Troisième acte, en 2017.
« J’ai eu une jeune famille, j’ai vécu un deuil périnatal qui m’a bouleversée et à la suite duquel j’ai tout remis en question. »
Et vlan ! Direction bureau de la psychologue.
« Assumer tous les rôles en même temps – mère, épouse, diva – a eu raison de ma maîtrise. En plus, j’avais commencé à faire de la production de spectacles. Quand j’ai perdu mon bébé [après six mois de grossesse], ce fut comme le bois d’allumage. Il était temps de faire du ménage. »
Sa démarche a porté ses fruits. Tellement que Sally Folk a continué d’aller voir sa thérapeute même si elle allait mieux. « On dirait que j’avais besoin de quelqu’un à qui je pourrais tout raconter en sachant que ça n’allait pas se retrouver sur les réseaux sociaux », confie-t-elle en riant.
DOUCEUR
Bricolé principalement avec son éternel complice de studio, Michel Dagenais, Ô Psychologue demeure musicalement dans la même veine que ses albums précédents en misant sur une pop-rock rythmée.
Deux ballades (Le règne et Ànue )etune incursion inédite dans un univers ska sur Dix plutôt qu’une, la seule pièce à jouer la carte de l’humour, font diversion.
Comme évoqué plus haut, c’est dans les textes que la différence se fait sentir. Le sarcasme et l’ironie qui étaient sa marque de commerce ont été largués.
« Je suis allé relire des entrevues que j’ai données à la sortie de Troisième Acte et c’est vrai que c’est un album qui était très vindicatif. Il était méchant. Après l’avoir sorti, j’ai réalisé que j’aurais besoin de plus de douceur. Je pense que Ô Psychologue répond très bien à Troisième Acte .Ilest beaucoup plus doux, plus vulnérable, introspectif, sensible. C’est un des plus doux que j’ai faits. »
« J’ai toujours été très authentique dans mes chansons, précise Sally Folk, mais je parlais beaucoup des relations amoureuses, de mon rapport à l’autre. Tandis que sur cet album, j’aborde plutôt des émotions profondes. Je fais le point sur ma relation avec moi-même. »
LE DÉNI
Épisode central de la genèse de cet album, la perte de son enfant est évoquée à travers le récit d’une relation amoureuse maintenue en vie même si elle est vouée à l’échec dans Attendu pour souper.
« C’est une chanson sur le déni où je dis que je ne suis pas prête à accepter que ça ne se passera pas comme je veux. Quand j’ai perdu Élisabeth, j’étais fâchée, je me sentais trahie par la vie. Ça m’a pris un bon trois semaines avant que j’accepte qu’elle n’était plus dans mon ventre et que je n’aurais pas de relation avec elle. »
RENOUER AVEC LE JEU
À défaut d’être comique en chansons comme c’était son habitude, Sally Folk a décidé de l’être sur le web. En compagnie de Laurent Paquin, qui joue le rôle d’un thérapeute devant la guérir de sa dépendance à séduire les hommes, elle a tourné une série de capsules web qui a connu un bon succès lors de sa mise en ligne, l’automne dernier.
Le projet lui a même permis de renouer avec son premier amour artistique : le jeu.
« Avant de faire de la musique, je me dirigeais là-dedans. Je m’en allais faire des études à New York quand la trajectoire de ma vie a changé. Je suis allée en restauration, puis la musique est arrivée plus tard », raconte-t-elle.
« La pandémie m’a permis de renouer avec la scénarisation, la réalisation, l’écriture. La série web est comme un projet pilote. J’aimerais en faire quelque chose de plus gros et plus peaufiné. En même temps, ça a tellement bien fonctionné sur le web que je me dis que c’est peut-être ça la formule. »
L’album Ô Psychologue est sur le marché depuis le 21 mai. On peut aussi entendre Sally Folk chanter sur une reprise de Sortez-moi de moi, destinée à la série du même titre, qui est diffusée sur Crave.