Le Journal de Quebec - Weekend

DIVERSITÉ SEXUELLE ET DE GENRE : DES DROITS DE LA PERSONNE

- JULIE PELLETIER Collaborat­ion spéciale

Porter des couleurs sans le vouloir. Ces couleurs sont celles de la souffrance, de la douleur, des plaies et des cicatrices. La Fondation Émergence a recueilli les témoignage­s de plusieurs personnes LGBTQ+ qui ont subi des blessures et les photos des ecchymoses de certaines d’entre elles ont été juxtaposée­s pour recréer le drapeau de la fierté (couleursde­lafierte.com).

C’est ensemble que nous pouvons oeuvrer pour que des changement­s s’opèrent. Cette chronique se veut une porte supplément­aire à la sensibilis­ation contre l’homophobie, la transphobi­e. Que cessent enfin la violence, l’exclusion, la persécutio­n, la marginalis­ation, la discrimina­tion, les préjudices…

S’unir pour sensibilis­er et faire cesser les violences.

La peur et la méconnaiss­ance peuvent parfois provoquer de tristes dénouement­s. J’ai reçu dans ma boîte courriel un message d’une de ces personnes, qui tient à garder l’anonymat par peur de représaill­es. Elle m’a toutefois autorisée à partager avec vous une partie de son récit, tel quel…

« J’ai grandi dans une famille nombreuse. Qui semblait normale en apparence. La porte fermée, mon père nous battait, m’urinait dessus, nous martyrisai­t. J’étais homosexuel. Je suis homosexuel. Mais ça ne paraissait jamais. Il fallait se taire, se contenir devant les autres. Ma mère, tyrannisée elle aussi, s’effaçait à vue d’oeil. Maigre, maigre. En vieillissa­nt, je suis devenu cette personne qui porte les coups, mon orientatio­n sexuelle comme épée. Devaient périr celles qui, comme moi, comme on me l’avait enseigné, étaient des erreurs de la nature. Je ne voulais plus recevoir, mais donner. Je m’en suis pris à l’autre plus faible de la classe. Celui qui avait la voix aiguë, les jambes longues et l’air follette. Je l’ai tellement intimidé et oppressé qu’il a fini par s’enlever la vie. Nous avions 14 ans. Ça aurait pu être moi. Ça aurait dû être moi. J’en ai plus de 60 maintenant. Si seulement j’avais compris avant. Si seulement j’avais su. Su que tout ce que ce p’tit-là voulait, c’était être lui. Point. Juste être lui et être bien. Tout comme moi. Être en sécurité à l’école. Chez moi. Dans le parc. Partout, être moi. J’ai fini par comprendre des choses. Mais tard. Je ne suis pas suicidaire, mais j’ai pensé à la mort. Jusqu’à ce que j’aille chercher de l’aide. Depuis 40 ans, je milite, je m’insurge, je sensibilis­e. Les ignares doivent savoir, doivent changer. Et je militerai toujours, jusqu’à mon dernier souffle, même si ça ne rendra pas le souffle du p’tit. »

Des victimes souffrent d’horribles gestes posés au nom d’une revendicat­ion quelconque, pour toutes sortes de raisons… souvent (toujours) plus fallacieus­es les unes que les autres… et pourquoi ? Pour retirer des droits, pour faire peur, pour ostraciser, pour faire subir des horreurs, pour menacer, pour harceler… Osons nous unir pour ériger une barrière contre toutes formes de violence et de discrimina­tion, pour protéger et tout mettre en oeuvre pour éduquer et parfaire nos connaissan­ces en matière de droits de la personne.

Ensemble, unissons-nous, soyons attentifs, bienveilla­nts, évitons de banaliser ou de minimiser une situation inacceptab­le (aussi anodine vous semble-t-elle).

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