Le Journal de Quebec - Weekend

ROMAN NOIR À L’ÈRE DU QUÉBEC LOVE

Après avoir séduit des milliers de lecteurs avec la trilogie à succès Red Light, l’écrivaine Marie-Eve Bourassa propose une incursion dans les bas-fonds de Montréal, dans les années de la révolution hippie, dans Tout écartillée­s. Dans ce roman jouissif, r

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Le Journal de Québec

Georges Kirouac n’est pas super à l’aise dans le Montréal des années 1970, en pleine révolution hippie. Le détective privé assez paumé se retrouve plongé dans une affaire glauque dans laquelle sa progénitur­e, Marie-Baby, est mêlée. Il enquêtera sur fond de musique, de politique, de bar topless et de films de fesses.

Marie-Eve Bourassa, écrivaine à la voix punchée, originale, audacieuse, s’est lâchée lousse dans cette histoire se déroulant dans ces années qu’elle n’a pas connues. « C’est un autre ton que

Red Light. Quand j’ai fait la trilogie Red Light, c’était un défi à chaque tome de ne pas me répéter parce que c’était les mêmes personnage­s. J’avais peur de retomber dans mes pantoufles et j’ai trouvé ça assez difficile. »

Quand elle a attaqué ce nouveau roman, elle avait envie d’avoir du fun.

« Je voulais m’éclater. Je voulais faire quelque chose de plus léger et plus drôle... et je me suis prise à mon propre jeu. J’ai commencé à faire de la recherche et ce qui devait être un roman court est devenu quelque chose de beaucoup plus volumineux. Je crois que le ton reste encore drôle, mais c’est quand même du roman noir. »

On est dans les bas-fonds de Montréal, avec une faune colorée, déjantée, burlesque. « Ça reste dans mes thématique­s préférées. J’aime beaucoup parler des gens de qui on ne parle pas souvent : ce ne sont pas des héros, au contraire. Mes poqués, je les aime comme ça, avec leurs défauts. Le défi que je me donne, c’est de présenter des personnage­s qui, à première vue, ne sont pas tellement aimables, mais réussir à les faire aimer. »

Elle voulait que ses personnage­s sonnent vrai. « Tout écartillée­s, c’est une enquête. Mais c’est entre autres une histoire d’amitié. J’aime ces histoires d’amitié qui ne sont pas simples. Je voulais présenter un “vieux couple” de vieux chialeux : quand ils sont ensemble, ils se tapent sur les nerfs, mais quand ils sont séparés, il leur manque quelque chose ! »

MONTRÉAL EN 1976

Née en 1981, l’écrivaine n’a pas connu les années qu’elle décrit. « En écrivant sur l’année 1976, c’était une façon de plonger dans une époque où le patriotism­e était beaucoup plus présent un peu partout. J’avais envie d’aller là parce qu’en ce moment, on est un peu dans une période de désillusio­n, notamment par rapport à la politique. Ça me permettait de parler du FLQ – ce qu’il restait de ça et la blessure qu’Octobre avait causée et ce qui en restait. »

Elle fait remarquer que c’est toute l’époque d’après l’Expo. « Les Olympiques viennent de finir et on sait maintenant que le Parti québécois va être élu bientôt... Il y avait une espèce d’effervesce­nce et j’avais envie d’aller vivre là pendant un petit bout de temps. Je trouvais que ça faisait un beau décor pour un livre. C’était riche. »

Les références politiques, historique­s et culturelle­s sont nombreuses et très intéressan­tes. « Cette époque, je ne l’ai pas vécue donc j’ai fait beaucoup de lectures. J’ai écouté beaucoup de films. C’est une époque qui me passionne depuis longtemps et quand j’étais ado, je capotais sur les années 1970. Montréal devient un personnage, avec un relent de Québec Love, en allant puiser dans la culture populaire. »

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MARIE-FRANCE BORNAIS

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