Le Journal de Quebec - Weekend

TENDRE LA MAIN AUX AUTRES EN TOUT TEMPS

- SABIN DESMEULES

Dom Massi et Julien Bernatchez ont vécu une troublante mésaventur­e. Alors qu’ils marchaient dans les rues de Montréal, ils ont dû venir en aide à un homme en situation d’itinérance qui était en train de mourir gelé. Cette expérience a marqué les deux humoristes à jamais.

La semaine dernière, par une froide journée, Dom Massi et son pote, l’humoriste Julien Bernatchez, se promenaien­t dans les rues de Montréal, ils ont remarqué un homme dans un banc de neige, immobile. « Il semblait mort. Il n’y avait plus de vie dans son regard. On s’est approchés pour voir si on pouvait l’aider. On lui a parlé. Il n’était pas en état de nous répondre, mais on voyait qu’il était réceptif. On sentait qu’il savait qu’on lui parlait. Il émettait des sons. »

Ils ont essayé de le relever, mais il leur glissait des mains. Comme l’hôpital Notre-Dame était juste à côté, Julien y a couru pour chercher des secours. « Moi, j’ai entouré l’homme de mes bras et j’essayais de le réchauffer », relate Dom.

Une passante est arrivée, puis une autre. La première a rejoint Julien à l’hôpital, l’autre a appelé une ambulance. Entre-temps, l’humoriste parti chercher des secours est arrivé avec un fauteuil roulant et des membres du personnel du centre hospitalie­r. Ils l’ont emmené. « J’ai l’impression que tout ça s’est passé entre 10 et 15 minutes. C’étaient de longues minutes. »

Depuis, les deux humoristes n’ont pas pu obtenir d’informatio­ns sur l’état de l’homme, car ils ne connaissai­ent pas son identité.

« Son sort n’était pas entre nos mains, on l’a juste aidé. Pour le reste, on ne peut rien y faire. C’est très difficile en ce moment : je n’avais jamais vu quelqu’un qui était, je crois, en train de mourir. Si on pouvait avoir accès à l’informatio­n quant à son état, je la prendrais. En ce moment, on n’y a pas accès. »

INVITATION À AIDER

Sans vouloir faire la morale à qui que ce soit, les humoristes seraient en droit de se demander pourquoi personne avant eux ne s’était arrêté pour porter secours à cet homme en situation d’itinérance. « On s’est posé la question, mais à partir du moment où on s’est occupés de lui, des gens sont venus nous aider, note Dom. Je suis souvent dans le centre-ville, et il y a beaucoup de misère humaine. Il m’est arrivé de ne pas agir. C’est humain, des fois, d’éviter une interventi­on. Là, je suis intervenu... et ça me rentre pas mal dedans ! »

De quelle manière cet épisode dramatique l’a-t-il perturbé ? « J’ai toujours été empathique face à la cause de l’itinérance et à la misère humaine. Ça m’a fait réfléchir. Je me suis demandé si, auparavant, j’aurais pu intervenir dans d’autres situations. Et ce qui me trouble beaucoup, c’est d’avoir vu quelqu’un qui semblait si près de la mort, un pauvre homme qui mérite de vivre. Ça me hante. La nuit, je me réveille et je vois son visage. Julien aussi. »

Le but des deux amis, en mettant cet incident en lumière, était avant tout d’interpelle­r les gens à ne pas hésiter à venir en aide aux autres.

« En ce moment, plus que jamais, on a besoin d’être empathique­s », lance Dom.

Il pose la question suivante : « Les églises sont vides. Pourquoi ne les ouvre-t-on pas pour les itinérants ? »

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