Le Journal de Quebec - Weekend
UN TROUBLE QUI PERSISTE À L’ÂGE ADULTE
Déjà connue pour ses nombreux best-sellers portant sur le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), la psychologue Ariane Hébert propose cet hiver un guide explicatif super pratique, ponctué de faits vécus et de conseils éclairés, sur le TDA/H à l’âge adulte. Cet ouvrage grand public, facile à consulter, est un outil indispensable pour les adultes qui vivent avec cette particularité et pour leur entourage.
Quels sont les enjeux du TDA/H dans la vie des adultes qui en sont atteints ? Comment reconnaître les signes chez soi ou chez les autres ? Quelles en sont les répercussions et les manifestations, au jour le jour, dans toutes les sphères de l’existence ?
Dans son livre, TDA/H chez l’adulte, Ariane Hébert propose des stratégies pour cesser de procrastiner, planifier, prioriser, rester concentré, éviter d’oublier des choses importantes et surtout, calmer l’agitation intérieure et gérer l’impulsivité.
En entrevue, la psychologue explique que le TDA/H persiste souvent à l’âge adulte.
« La moitié des enfants qui ont un diagnostic le présentent encore à l’âge adulte. Maintenant, on identifie les jeunes et ça va bien. Mais parmi le monde de mon âge – 40-50 ans –, il y en a une grosse gang qui n’a pas été diagnostiquée et qui se dit qu’il ne peut pas être TDA/H. Mais oui ! Tu peux ! Il y a bien des gens qui pensent encore que c’est un trouble qui finit quand tu arrives à la vingtaine. Mais non... ça ne marche pas comme ça. »
Le diagnostic est difficile à poser, parce que la personne qui fait l’évaluation n’a pas l’occasion de sonder l’entourage (parents, conjoint, etc.) pour vérifier certaines informations.
« Souvent, les adultes ont des perceptions à propos d’eux-mêmes qui sont injustes. Ils vont s’en demander trop. C’est difficile de mettre une balise et dire que c’est plus que la norme. »
DES TRAITS CARACTÉRISTIQUES
La personne qui se présente dans son cabinet, pensant avoir un TDA/H, signale souvent la désorganisation et les oublis, de même que les traits d’impulsivité. Ariane Hébert cite d’autres exemples.
« Il y a aussi l’inattention : je lis, je n’arrive pas à me souvenir de ce que j’ai lu. Les gens me parlent et je suis ailleurs dans ma tête. Mon boss me répète quatre fois de faire ça et après la cinquième fois, il ne me le dit plus gentiment. C’est semblable aux traits et aux symptômes des enfants, mais ça s’articule différemment. »
UNE RÉELLE DÉTRESSE
Quand ils viennent s’asseoir dans son cabinet, Ariane Hébert note une réelle détresse chez 90 % de ses patients adultes qui pensent avoir un TDA/H.
« L’autre 10 %, c’est des gens qui sont curieux. Ils pensent que peutêtre ils ont ça et ils vivent bien avec. Mais ils veulent avoir une réponse. »
Pour les autres, il y a une souffrance. « Ils ont l’impression qu’ils ne fonctionnent pas à pleine capacité, qu’ils sont épuisés. Il y a quelque chose qui se passe. »
Ariane Hébert précise qu’à l’âge adulte, c’est assez rare que le TDA/H arrive tout seul. Il y a des comorbidités.
« D’autres affaires se mettent à pousser alentour : l’anxiété, les symptômes dépressifs. Les gens ont l’impression qu’ils essaient tout le temps et que ça ne marche pas. C’est tellement anxiogène de savoir que tu es susceptible d’avoir des ratés ! Ça complique le tableau clinique, d’où l’importance de mettre le doigt sur le bobo et de le traiter, à la base. »
La psychologue ajoute que les adultes reçoivent souvent leur diagnostic avec soulagement, mais parfois avec beaucoup d’amertume.
« Ils disent : si je l’avais su jeune, mon parcours aurait pu être différent. J’ai bûché. J’ai rencontré des obstacles difficiles. Mais si j’avais eu accès à des interventions, un traitement pharmacologique, du soutien, ça aurait été différent. »