Le Journal de Quebec - Weekend

COMBINÉ DE VIANDES FROIDES

Les viandes froides de Karine Vilder n’ont rien à voir avec la charcuteri­e.

- CATHERINE GENEST

L’absurdité de la vie est au coeur du roman On meurt tous d’avoir vécu, une comédie noire aux effluves absurdes. Chroniqueu­se littéraire au Journal de Montréal et au Journal de Québec depuis plus de dix ans, Karine Vilder en est, ces jours-ci, à passer de l’autre côté du miroir. C’est la toute première fois que la critique et journalist­e publie un ouvrage de son cru.

« Je trouve que je fais le plus beau métier du monde, mais je perçois maintenant le livre comme un genre d’objet de consommati­on et ça m’a un peu découragée quand je l’ai réalisé [...] C’est ce qui m’a fait hésiter longtemps et, comme je lis beaucoup de livres, je me disais “bon, est-ce qu’un de plus c’est vraiment nécessaire ?” »

Modeste, l’écrivaine tisse son récit à travers un narrateur encore plus humble qu’elle, l’attachant Louky Crapo, un journalist­e affecté aux nouvelles nécrologiq­ues au sein d’une agence de presse à New York.

Dans On meurt tous d’avoir vécu, le héros est passé maître dans l’art d’écrire des viandes froides, ces textes préparés en hommage à des personnali­tés publiques qui ne sont pas encore décédées, mais dont on prévoit, plus tôt que tard, la mort à cause de leur grand âge ou de leur mode de vie tumultueux.

« J’ai été invitée à manger chez des amis, et puis l’une des convives travaillai­t chez Radio-Canada. Puis, elle commence à nous expliquer qu’ils avaient, vraiment, des viandes froides préparées d’avance et qu’elle trouvait ça fascinant, se souvient Karine Vilder. Tout d’un coup, tout le monde a continué à parler, mais je n’étais plus du tout là. J’étais partie très, très loin dans ma tête. Les grandes lignes de l’histoire me sont apparues ce soir-là. C’était comme une évidence. »

À MOURIR DE RIRE

Truffé d’anecdotes mortuaires plus surprenant­es les unes que les autres, le premier roman de Karine Vilder fait la part belle aux lauréats de Prix Darwin, ces récompense­s posthumes décernées par les internaute­s à celles et ceux qui sont morts de manière stupide. Déroutante­s ou imprévisib­les, à tout le moins.

« Presque tout est vrai. Des fois, il a fallu que je délocalise, mais il y a vraiment un ado qui s’est suicidé en buvant de la sauce soya. J’ai un peu forcé le trait, mais c’est réellement arrivé. Il y a vraiment une jeune Britanniqu­e qui est morte en faisant une surdose de gomme à mâcher, comme je l’écris aussi dans le livre. Je n’ai rien inventé. »

Si tout est parti d’une conversati­on entre amis, On meurt tous d’avoir vécu fournira forcément, à ses lecteurs, de bonnes histoires à raconter en société à leur tour.

« J’espère que les gens vont refermer le livre en rigolant, confie Karine, après avoir appris des trucs, ces trucs qui ne servent à rien et qui peuvent être amusants à savoir. »

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PHOTO CHANTAL POIRIER

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