Le Journal de Quebec - Weekend
Démystifier la SEXUALITÉ
Marie-Andrée Labbé a écrit Sans rendez-vous, diffusée à ICI TELE. Jacques Davidts a imaginé Les mecs. L’autrice n’hésite pas à aller loin dans les situations à caractère sexuel et la diversité de personnages, alors que l’auteur joue plutôt d’audace avec l
L’auteur de la série Les mecs, diffusée sur ICI TELE, Jacques Davidts, avoue que son projet n’est pas « passé comme une lettre à la poste » lorsqu’il l’a présenté à Radio-Canada. Le diffuseur a eu besoin d’un temps de réflexion et de plusieurs discussions pour apaiser ses doutes.
« Les craintes n’étaient pas à propos du côté cru des dialogues, mais parce qu’on parlait de quatre gars de 50 ans et de leur rapport à la vie, à l’amour et au sexe sans filtre, explique l’auteur de 64 ans qui est à l’écriture de la saison 3. Ils avaient peur de la “mononclitude”, car la série mettait en scène des gars parlant crûment, souvent des femmes. »
Celui qui nous a aussi offert la série familiale Les Parent a pris soin de s’imposer une règle d’or depuis le début de l’écriture des Mecs : on pourrait montrer les fesses des hommes, mais jamais celles de femmes ni leur poitrine d’ailleurs. Sa série portant sur les hommes, il trouvait amusant et intéressant de renverser la vapeur.
« Ce qui me fait rire, je vais l’écrire, ajoute celui qui a reçu son lot de messages haineux sur les réseaux sociaux, avant même la sortie de la série. Je ne suis vraiment pas graphique dans la vie ; ce sont les dialogues qui m’amusent. Si la première saison est très orientée “pénis”, c’est qu’il se trouve au centre de leurs préoccupations. Ce qui m’intéresse, c’est l’humour d’observation. »
CLINIQUE DE SANTÉ SEXUELLE
La série Sans rendez-vous est l’adaptation québécoise de la websérie australienne Sexy Herpes. Une série très courte dont les droits ont été achetés par le duo Fabienne Larouche-Michel Trudeau. L’autrice Marie-Andrée Labbé explique qu’elle a eu un double défi : transformer les capsules en une histoire longue et convaincre la direction de Radio-Canada de la pertinence de cette série. Car la version originale n’avait pas impressionné le diffuseur de prime abord.
« L’idée est de parler d’une clinique de santé sexuelle comme si on parlait d’une boulangerie, explique l’autrice de 39 ans. De démystifier ce métier et d’aborder un sujet plus ou moins tabou en parlant de diversité sexuelle. Ma volonté était d’aborder le sujet de la sexualité sérieusement, malgré le format de la comédie. Radio-Canada a été d’accord que ce sujet avait sa place. »
L’autrice a été aiguillée par Fabienne Larouche qui connaît bien les limites de la tolérance du public. La série se déroulant dans une clinique de santé sexuelle, Marie-Andrée Labbé a travaillé avec des sexologues afin d’écrire avec le plus de justesse possible et de pouvoir donner de véritables conseils à l’écran. L’aspect médical de la série lui permettait aussi de parler de sexualité de manière décomplexée.
Elle s’attendait évidemment à surprendre et à faire sourciller les téléspectateurs avec des cas comme celui du « consentement animal » et du concombre dans le postérieur. Des cas imaginés pour faire rire et pour faire jaser lui permettant ensuite d’aborder d’autres thèmes importants.
« Je pense que c’est notre rôle de démystifier la sexualité. Pour le reste, je fais confiance au public. »