Le Journal de Quebec - Weekend
Plus D’AUDACE sur nos plateformes
Certaines séries sont présentées directement à la télévision, alors que d’autres sont d’abord déposées sur les plateformes (par exemple, C’est comme ça que je t’aime d’abord sur ICI TOU.TV et Nous qui passera éventuellement de Club illico à TVA…) avant de migrer, quelques mois plus tard, vers les chaînes généralistes. Certaines oeuvres, au format souvent court et à l’aspect innovateur et exploratoire, sont vouées à une vie exclusive sur le web.
Format court, plateforme offrant plus de latitude, aspect exploratoire : la websérie permet aux scénaristes de se faire connaître. Elle offre aussi un terrain de jeu moins rigide où il est possible de repousser les limites, notamment en matière de scènes à caractère sexuel.
Sarah-Maude Beauchesne est l’autrice et l’actrice principale de Fourchette, présentée sur ICI TOU.TV. La websérie étant adaptée de son blogue
Les Fourchettes, le diffuseur était bien au fait que la sexualité, la nudité et le langage cru feraient partie intégrante de chacun des épisodes d’une dizaine de minutes.
« Je voulais présenter à ma façon, la sexualité, le désir et les femmes, et la nudité faisait partie de l’idée de base, explique-t-elle. C’était important pour moi de ne pas traiter de sexualité juste sous le couvert de l’humour, car c’est souvent ce qu’on fait au Québec. J’avais envie qu’on montre la sexualité dans l’authenticité, dans l’imperfection de la sexualité et du corps et de montrer que quand on fait l’amour, oui il y a du poil, des plis et des fluides. »
De là son choix de montrer du sperme à l’écran et des scènes où l’on parle de ses mamelons, de cunnilingus ou encore d’orgasme féminin. Le tout en restant politiquement engagée et féministe – son cheval de bataille ! – en mettant en scène des personnages aux valeurs féministes bien franches.
« LE VOIR, C’EST LE COMPRENDRE »
Pour Guillaume Lambert, l’auteur de L’âge adulte, aussi sur ICI TOU. TV, la présentation de la sexualité et des dialogues crus dans sa websérie s’inscrit dans une démarche artistique. Dans un désir de mettre en scène ce qu’il ne voyait nulle part lorsqu’il était plus jeune aussi, renvoyant au souhait des téléspectateurs de s’identifier à ce qu’ils regardent.
« La télé, c’est voyeur, alors, pourquoi ne pas aller dans la sexualité des personnages pour mieux les comprendre ? dit-il. Je trouve aussi important le fait de banaliser le sexe à la télé qui est souvent plutôt axée sur l’habileté ou la perfection. Il y a un tas de problèmes qui découlent du fait de présenter la sexualité comme taboue. C’est un devoir de scénariste, de banaliser le tout et de montrer que toutes les sexualités se valent. »