Le Journal de Quebec - Weekend

UN JOYAU DE POP LONGTEMPS ATTENDU

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PARIS | (AFP) Inespéré après 18 ans sans album : Tears For Fears surmonte drames et dissension­s pour signer un bijou pop, ciselé de questionne­ments autour des démocratie­s menacées ou d’une nécessaire parité homme-femme.

Mais pourquoi près de deux décennies sans sortir de nouveau disque ? Toutes les clés sont dans The tipping point (« Le point de bascule ») sorti hier.

Dans la chanson Stay ,les deux cerveaux du groupe, Roland Orzabal et Curt Smith, ne cachent pas qu’ils n’ont pas toujours été sur la même longueur d’onde en 40 ans de carrière.

« The tipping point est un album puissant, car honnête. Nos destins n’ont pas toujours été liés, on avait besoin de grandir spirituell­ement séparément avant de nous retrouver, arrivés à la même maturité », expose Roland Orzabal, rencontré à Paris aux côtés de son comparse.

« On sait maintenant qu’on a besoin l’un de l’autre », établit Curt Smith, cheveux ras, petit diamant à l’oreille et silhouette entretenue à la salle de gym.

« Une sorte de lien fraternel », souffle son compère, barbe et longs cheveux blancs, veste psychédéli­que.

C’est une trajectoir­e classique dans la pop : deux adolescent­s anglais sympathise­nt, fondent un groupe, puis doivent gérer le tourbillon du succès (au milieu des années 1980 avec les morceaux Shout et Everybody wants to rule the world). Mais, plus surprenant, c’est leur ancien gérant qui freine ces dernières années leur envie de nouvel album, se contentant de vouloir les faire tourner avec leurs vieux succès.

« Il vivait dans la défiance des artistes, un peu manipulate­ur, mais on a repris le pouvoir », résume Roland. C’est le sujet de la chanson Master plan.

SOUS LE CHOC

Mettre fin à la virilité toxique et bâtir une réelle parité homme-femme sont au centre de Break the man, sur ce nouvel album. Curt Smith en est à l’origine. Lui qui vit maintenant aux États-Unis a été horrifié par tout l’attirail de domination masculine mis en avant par Donald Trump pour conquérir le pouvoir.

« Ce côté “ma g... est plus grosse que la tienne”, je n’ai jamais compris ça ; et je me pose aussi des questions car j’ai deux filles », poursuit-il.

Les soubresaut­s politiques actuels interpelle­nt aussi les deux hommes. Rivers of mercy s’ouvre par des bruits d’émeute et de sirènes de police. Curt était aux États-Unis le jour où le Capitole, à Washington, a été attaqué par des complotist­es et des partisans de Donald Trump.

Master plan se lit aussi comme une dénonciati­on des autoritari­smes incarnés par des figures comme Trump ou Jair Bolsonaro au Brésil. Mais toujours avec cette lumière au bout du tunnel : le peuple peut reprendre la main, comme le duo de Tears For Fears l’a fait en changeant de gérant pour s’exprimer avec de nouvelles chansons.

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