Le Journal de Quebec - Weekend

UN BATMAN IMPARFAIT

Robert Pattinson est la nouvelle incarnatio­n de Bruce Wayne dans ce long métrage qui saura plaire aux fans. Sous la houlette du réalisateu­r et scénariste Matt Reeves, le justicier de Gotham ne rêve que de vengeance. Batman serait-il devenu amoral ?

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

« Batman est particuliè­rement irrésistib­le lorsqu’il lutte contre lui-même pour trouver la voie qui est juste », a expliqué Matt Reeves lors d’une table ronde d’entrevues à laquelle l’Agence QMI a participé. Le réalisateu­r, aussi coscénaris­te avec Peter Craig, de ce nouveau long métrage – le premier d’une trilogie – s’intéresse aux premières années d’action de l’homme chauve-souris alors qu’il tâtonne pour définir son rôle de protecteur de Gotham. « Batman est encore en état de choc, il est encore “coincé” dans ce qui lui est arrivé lorsqu’il était un enfant. Il n’a, d’une certaine manière, jamais acquis la maturité pour y faire face et tout ce qu’il fait trouve ses origines dans le traumatism­e dont il a été victime », a souligné le cinéaste.

VISION BINAIRE DU MONDE

Matt Reeves et Peter Craig ont choisi de faire débuter l’histoire alors que Bruce Wayne vient de passer sa première année de travail nocturne dans les rues d’un Gotham décrépi et dangereux. Batman oeuvre avec James Gordon (Jeffrey Wright) afin d’enquêter sur une série de crimes mystérieux, commis par le Riddler (Paul Dano) et qui visent des personnali­tés connues de Gotham. Mais les crimes mettent également à jour un vaste système de corruption au sein de la métropole, dont même les Wayne ne sont pas exclus.

« Je voulais que le personnage central du film soit un Batman imparfait », a expliqué le réalisateu­r. Pour Matt Reeves, son héros est un être « moralement brisé qui a du mal à se définir. Sa plus grande faiblesse est de ne pas réaliser que c’est contre lui qu’il se bat ».

Vu par Matt Reeves et joué par Robert Pattinson, Batman est animé par la vengeance et la colère.

« Dans les itérations précédente­s, il amorce son cheminemen­t en tant que Batman, il s’est déjà masqué et il connaît exactement son rôle. Ici, il se bat contre ses propres démons ainsi que contre les criminels de Gotham. La manière dont j’ai interprété son cheminemen­t est qu’il s’est libéré du traumatism­e de son enfance en se construisa­nt un mécanisme de survie très complexe, qui s’est ensuite transformé en son identité de Batman. »

« D’où tire-t-il sa rage ? Il veut sans cesse revivre le moment où, enfant, il a l’impression qu’il a laissé ses parents mourir. C’est un mécanisme de thérapie, celui de recréer l’événement pour s’en extraire. Batman en est une version extrême. Il oppose aux criminels, qu’il associe au meurtrier de ses parents, une violence disproport­ionnée à laquelle ils ne s’attendent pas. Batman possède une vision binaire du monde : il y a les bons et les méchants. Et il se voit comme la ligne de démarcatio­n entre les deux. »

« Je crois que sa rage, et la rage d’énormément de gens, vient du fait qu’il lutte contre sa peur et sa vulnérabil­ité. Tant qu’on est en colère, on applique rigidement ses principes, on ne fait aucun compromis. »

« C’est pour cette raison que sa relation avec Catwoman grafigne, tel un grain de sable dans un engrenage. Il tire sa force de sa vision binaire du monde et lorsqu’il rencontre Selina, il essaye de la définir. Elle est une criminelle, mais il l’apprécie alors qu’elle le fait se sentir à nouveau vulnérable. Et c’est très dangereux pour lui, car la seule manière pour lui de ne pas redevenir un enfant de 10 ans est de demeure run agent de vengeance. »

L’histoire de Catwoman n’est pas la même – du moins pas dans ce premier volet, deux autres sont à venir – et Selina Kylie, jouée par Zoe Kravitz, est également trouble. L’actrice était d’ailleurs consciente de l’importance du personnage, déjà incarné à l ’écran dans deux Batman précédents.

« J’ai eu confiance dans l’histoire écrite par Matt et j’ai fait de mon mieux p our oublier l’image de Catwoman et sa significat­ion culturelle pour me concentrer sur cette histoire. »

CATWOMAN VÊTUE POUR SE BATTRE

Et lorsqu’on lui parle du costume, Zoe Kravitz explique que là aussi, des changement­s ont été opérés.

« Lorsque nous avons étudié le costume avec Jacqueline Durran, la costumière, il était évident qu’il serait pratique. Nous avons tous en tête l’image de femmes en train de se battre en talons hauts et je n’arrive pas à comprendre comment c’est possible, car si on veut arriver à se battre, il ne faut surtout pas porter de talons. Selina conduit une moto et c’est la raison première pour laquelle elle porte ces vêtements. »

Et, pour Robert Pattinson, le pouvoir d’attraction de Batman sur les cinéphiles et les amateurs des « comics » réside dans le fait que l’homme chauve-souris n’a rien d’un super héros.

« Je crois que la raison pour laquelle beaucoup de gens sont attirés par Batman est qu’il n’est qu’un homme en costume. Il n’y a aucune raison pour laquelle n’importe qui ne pourrait pas être Batman… à condition d’avoir le même niveau d’obsession et de folie. »

 ?? ?? Zoe Kravitz incarne Catwoman
Zoe Kravitz incarne Catwoman
 ?? ?? Le Batman crée l’événement dans les salles de la province dès le 4 mars.
Le Batman crée l’événement dans les salles de la province dès le 4 mars.

Newspapers in French

Newspapers from Canada