Le Journal de Quebec - Weekend

« C’EST UN FILM TOTALEMENT MODERNE »

- MAXIME DEMERS

Soif de gloire, appât du gain, pouvoir absolu de l’argent, proliférat­ion de fausses nouvelles… En lisant le roman Illusions perdues, l’actrice Cécile de France a été, comme plusieurs, frappée de constater que le classique d’Honoré de Balzac n’avait pas pris une ride depuis sa publicatio­n, il y a deux siècles, et de découvrir à quel point le film qu’en a tiré le cinéaste français Xavier Giannoli résonne fort avec notre monde d’aujourd’hui.

« Balzac dépeignait sa société avec un regard assez cynique et critique sur son époque, qui coïncidait avec la naissance du capitalism­e, avec tout le mal que cela pouvait engendrer », a rappelé en entrevue la comédienne de 46 ans, qui incarne dans le film la mécène et amoureuse d’un jeune poète idéaliste (Benjamin Voisin) qui tente de percer le milieu littéraire parisien du 19e siècle.

« Dans son film, Xavier [Giannoli] n’a fait que raconter ce qui était dans le livre de Balzac. Mais comme nous vivons dans une société ultralibér­ale, nous voyons assez facilement les résonances avec notre époque. C’est ça qui en fait un film totalement moderne et qui n’a rien de poussiéreu­x. »

Même si la critique sociale qu’on retrouve dans le film était déjà très présente dans l’oeuvre de Balzac, Xavier Giannoli ne s’est pas gêné pour s’approprier le roman.

« Xavier a pris quelques libertés, notamment pour mon personnage, observe Cécile de France. Dans le roman, Balzac la traite de sèche et la décrit comme une femme laide, cruelle et méprisante. Or, dans son adaptation, Xavier lui a apporté beaucoup plus de sentiments et s’est davantage attardé à sa souffrance, sa solitude et son isolement social. Chez Balzac, c’est elle qui met dans la tête de son jeune amant cette soif de gloire qui va tout lui faire perdre. Alors que dans le film, on sent un amour pur, charnel et sincère entre eux. »

RETROUVAIL­LES

Illusions perdues est le troisième film que Cécile de France tourne sous la direction du cinéaste Xavier Giannoli, après Quand j’étais chanteur

(en 2006) et Superstar (2012).

Cette fois-ci, le cinéaste a bénéficié d’un budget important (environ 25 M$) pour recréer le Paris du 19e siècle. Par souci de réalisme, il a insisté pour filmer autant que possible dans des décors réels.

Cécile de France admet avoir été impression­née en débarquant pour la première fois sur le plateau de tournage d’Illusions perdues, à l’automne 2019.

« C’était absolument merveilleu­x, relate-t-elle. Il ne faut pas oublier que nous, les acteurs, on est encore un peu des enfants et que si jouer est devenu notre métier, c’est aussi parce qu’on aime bien se déguiser. Et là, on a été propulsés dans des vrais châteaux, des vrais décors. Rien n’a été reconstitu­é pour le film. Tout était véridique. C’était une volonté de Xavier et je pense qu’il a eu raison. On est vraiment aspirés dans le film comme dans un tourbillon. Et le fait que ce soit des costumes, des figurants, toute l’énergie qui a été mise pour que ça soit plus proche de la réalité historique, ça nous emporte et nous fait voyager. C’est le but du cinéma aussi. »

Illusions perdues, qui met aussi en vedette Xavier Dolan et Gérard Depardieu, a pris l’affiche hier.

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Cécile de France et Benjamin Voisin dans une scène du film Illusions perdues.

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