Le Journal de Quebec - Weekend
REGARD AMUSÉ SUR LA « GRANDE CULTURE »
Écrivaine imaginative et inspirante, la Montréalaise Catherine Mavrikakis porte un regard sans concession sur le snobisme culturel, le rapport à l’Europe et à sa « grande culture » dans son nouveau récit. Comique, cynique, Impromptu parle de ceux et celles qui ont grandi en Amérique du Nord dans un foyer où les parents étaient Européens.
Catherine Mavrikakis se moque de « l’impérialisme culturel » de l’Europe à travers le personnage caricatural du professeur Karlheinz Mueller-Stahl, un monsieur grandiose, assez déconnecté du monde moderne et de la réalité nord-américaine.
Pour lui, tout est mieux en Europe, tout ce qui vient d’Europe est mieux que ce qui est fait ici, et il semble transplanté dans un monde qui est à l’opposé de ce qui fait son bonheur.
Sa façon d’être fascine la narratrice, qui porte un nom allemand, mais qui ne parle pas assez bien la langue au goût du professeur, qui la rabaisse sans cesse.
LES ANNÉES 80
Catherine Mavrikakis explique comment elle s’est lancée dans cet intéressant projet d’écriture. « Je voulais montrer comment il y avait de l’ignorance, un mépris, une indifférence pour ce qui se faisait ici, dans les années 80. Je pense que ça a changé maintenant », convient-elle, en entrevue.
« Le Québec se voyait moins important que l’Europe. Il y avait, de part et d’autre, une espèce d’échange un peu toxique entre les deux. Je voulais montrer comment ça se jouait, il y a 40 ans, à l’université et dans une relation entre un professeur et une étudiante. »
Les parents de Catherine Mavrikakis étaient d’origine européenne.
« Ils n’avaient pas nécessairement un mépris. Ça pouvait arriver... mais pas mon père. [...] Mon père était plus quelqu’un qui s’adaptait. »
L’écrivaine passe le milieu universitaire à tabac, à travers le professeur.
« Je voulais montrer le snobisme, mais j’avais envie surtout de montrer quelque chose de drôle et de grotesque. C’est sûr que je l’ai passé à tabac, mais je voulais montrer aussi qu’il avait beaucoup de travers dont on peut se moquer. » Malgré son érudition, le professeur devient ridicule à souhait.
Catherine s’est bien amusée en écrivant ce texte. « Ça m’a fait rire. Ça m’a fait repenser à ma jeunesse. L’enseignement a beaucoup changé aussi. Je crois que le monde s’est transformé. »
« Je comprends le désir de garder ses origines... mais tout est une question de dosage. » Catherine Mavrikakis dit qu’elle a travaillé sur les romantiques allemands, comme la narratrice de son livre. Sa thèse portait d’ailleurs sur ce sujet... mais « je ne suis pas bonne en allemand », ajoute-t-elle.
√ Catherine Mavrikakis a publié de nombreux romans, dont La ballade d’Ali Baba, Les derniers jours de Smokey Nelson, Oscar De Profundis et L’Annexe.
√ Elle est l’auteure d’un oratorio, Omaha Beach, et d’un récit sur sa mère, L’absente de tous bouquets.
√ Elle a aussi publié plusieurs essais.
√ Son oeuvre a été traduite en plusieurs langues et elle a été maintes fois récompensée, notamment pour le Prix des collégiens, le Prix des libraires et le Grand Prix du livre de Montréal.