Le Journal de Quebec - Weekend
UN CAMP DE DÉSINTOX NUMÉRIQUE BIEN SPÉCIAL
L’incomparable Stéphane Dompierre, auteur de nombreux livres à succès, revient en force avec un roman très drôle, décapant et apeurant à souhait, Novice. Cette fois, il s’amuse avec les codes des films d’horreur pour porter un regard sans compromis sur les travers de la société et les dérives de la technologie. N’éteignez pas vos lumières, car le camp de désintox numérique qu’il décrit dans son roman vous donnera envie de toutes les allumer. Et vite.
Onze personnes dépendantes jusqu’à l’os des technologies s’inscrivent à un camp de débranchement d’une semaine. Une désintox de la techno en règle. Ils sont tout sauf prêts.
Ces 11 jeunes adultes se retrouvent en pleine nature, isolés, loin de la civilisation et privés de leurs gadgets technos, d’internet et de leurs réseaux sociaux. Tout ce matériel a été confisqué dès leur arrivée.
Il ne faut pas attendre longtemps pour constater qu’ils sont en état de sevrage... et qu’ils n’ont pas beaucoup de connaissances ni de compétences pour la « vraie vie » dans les bois.
Il y a des nuages noirs qui planent au-dessus de leurs têtes, même les organisateurs du camp ne sont pas trop outillés pour gérer les situations qui se présentent. Lorsqu’un inconnu menaçant rôde dans le secteur des petits chalets où ils sont rassemblés, le camp de désintox devient un camp de survie.
LECTURE ADDICTIVE
Stéphane Dompierre s’est vraiment fait plaisir en écrivant ce roman où une surprise n’attend pas l’autre, un peu à l’image d’une visite dans une maison des horreurs dans un parc d’attractions... ou d’un vrai bon « film de peur ». Une lecture extrêmement... addictive.
Ses personnages font des excès, commettent des erreurs fatales, font face à des situations étranges, détestables ou dangereuses. Chose certaine, les participants du camp n’ont pas trop de connaissances en matière de plein air !
« Il faut savoir que si je mets en lumière l’ignorance qu’ont certains dans les choses de la nature, c’est que je suis le premier sur la ligne de front », admet-il en riant.
« Tu me débarques en forêt et je survis une demi-heure, et ça, c’est si tu me donnes un Gatorade et un sandwich. Sinon, c’est sûr que je ne survis pas plus longtemps que ça. »
Il a fait un cours d’orienteering àla polyvalente... et l’a coulé. « Des mésaventures dans le bois, j’en ai eu. »
LA TECHNOLOGIE
Il s’est interrogé sur la place grandissante de la technologie dans nos vies. « La technologie est en train de modifier l’humain, sa façon de penser et sa façon d’interagir. Ça m’étonne qu’on n’en parle pas plus que ça. C’est un sujet qui me fascine parce qu’on ne sait pas où on s’en va avec ça. »
Cette réflexion a réveillé sa passion pour les « slashers », les films d’horreur avec des tueurs masqués.
« Je trouvais que ça donnait un bon cadre pour mettre un contexte. Ces deux idées ont fusionné pour faire Novice. »
Plus on avance dans le roman, plus on réalise à quel point la société est dépendante de la technologie. Privés de leurs cellulaires, les personnages ne sont plus fonctionnels.
« Ces gens-là sont habiles en technologie, donc ils sont habiles dans la vraie vie qu’ils connaissent, mais dès que tu les sors de ce contexte, ils deviennent complètement novices en forêt. »
Lui-même avoue se sentir désarmé quand il n’a pas son téléphone.
« Je vais promener le chien cinq minutes sans mon téléphone et j’ai l’impression de faire un retour à la terre... J’ai l’impression d’être un amish dans une carriole. Je mets le GPS pour aller chez ma mère. J’y suis allé 100 fois, mais je ne prends pas de chance. »