Le Journal de Quebec - Weekend
CÉLÈBRE SES 50 ANS
Vous ne rêvez pas. Le cultissime film de Francis Ford Coppola a désormais un demi-siècle.
« J’étais sans cesse sous tension. Des rumeurs circulaient voulant que je puisse me faire remplacer. Je n’étais jamais totalement sûr que je n’allais pas me faire mettre dehors. Je me souviens avoir ressenti une certaine détresse pendant le tournage du
Parrain parce que j’étais très angoissé », a expliqué récemment Francis Ford Coppola au journal britannique
The Independent.
Pourquoi ? Parce que le cinéaste n’avait que 29 ans lorsqu’il a été embauché. Son CV comptait bien quelques films – avec quelques nominations aux Oscars pour certains acteurs et certains techniciens du son –, mais rien d’exceptionnel. Les studios Paramount avaient besoin d’argent et n’étaient pas d’accord avec la vision de Coppola, qu’ils ne comprenaient tout simplement pas. Le cinéaste a dû se battre pour imposer Marlon Brando et Al Pacino – et même une fois ces deux acteurs engagés, le réalisateur a été obligé de poursuivre les auditions.
« Francis était sous pression. Il avait énormément de problèmes avec Paramount », a souligné Valerio De Paolis, le chef décorateur du Parrain.
DE PARFAITS INCONNUS
Talia Shire, la soeur de Coppola qui tient le rôle de Connie, la fille de Don Corleone dont le mariage ouvre le long métrage, abonde dans le même sens.
« Il était tellement jeune », a-t-elle dit en parlant des difficultés rencontrées par son frère.
Tout le reste de la distribution est également un pari. Coppola obtient Marlon Brando pour 50 000 $, plus quelques extra, l’acteur étant bien connu pour son manque de sérieux sur les plateaux. Le reste des acteurs sont, à l’époque, de parfaits inconnus. Al Pacino travaille comme concierge d’un immeuble et Diane Keaton a été aperçue par le public dans des publicités pour des déodorants.
Pour le 50e anniversaire du film – dont la première a eu lieu le 14 mars 1972 avant de prendre l’affiche dans les cinémas d’Amérique du Nord le 24 mars –, Francis Ford Coppola a travaillé à la restauration du long métrage, opération qui a pris quelque 4000 heures. Il n’a pas changé le montage final, il n’a rien tourné d’autre que ce qui était à l’écran il y a un demi-siècle.
« Il faut que vous compreniez, explique Coppola dans les pages du New
York Times que, en tant que réalisateur, je ne savais pas faire Le parrain.
J’ai appris à faire Le parrain en le réalisant. »
IRONIE
Francis Ford Coppola n’a jamais caché son dédain des franchises de Marvel et pas seulement parce qu’il n’aime pas les superhéros.
« Avant, on avait des films de studios. Maintenant, ce sont des films Marvel. Et qu’est-ce qu’un film Marvel ? C’est un prototype de long métrage qui est fait et refait et refait et refait pour avoir l’air différent. »
Et pourtant, le cinéaste peut froncer le nez sur les suites, il a quand même réalisé trois Parrain.
« Nous avons été les premiers à utiliser un chiffre dans un titre pour
Le Parrain – 2e partie. Il n’y avait jamais eu un film américain intitulé “2e partie” avant », a avoué celui qui n’aurait jamais pensé réaliser deux suites après la mauvaise expérience de tournage du premier. Et pourtant !
« Je crois que Le parrain est le film pour lequel je suis le plus connu, a-t-il souligné. Si vous demandez à n’importe qui pourquoi je devrais être considéré comme un réalisateur d’importance, tout le monde vous répondra à cause du Parrain. Peut-être
Apocalypse Now arrive-t-il en deuxième. Mais j’ai passé mon temps à réaliser des films que je ne savais pas comment faire et j’apprends toujours des films que je fais. »