Le Journal de Quebec - Weekend
« Au bout du monde, tu découvres vraiment qui tu es »
Animateur, grand voyageur, amateur de photographie et d’art, Jean-Michel Dufaux a quitté le Québec à l’automne 2018 « dans un monde d’insouciance » prépandémique. C’est ce voyage d’un an qu’il raconte dans son livre Mon année à l’étranger.
« On a tous besoin de rêver, lance Jean-Michel Dufaux, aujourd’hui âgé de 56 ans. C’est un livre, je crois, pour les gens qui veulent voyager par procuration et pour ceux qui veulent être inspirés ou qui veulent savoir comment faire pour partir pendant un an. »
Ce beau livre – truffé de ses propres photographies de voyage prises sur film argentique –, l’animateur pourtant reconnu pour chérir sa vie privée souhaitait qu’il soit plus personnel que ses précédents livres de voyage. Car s’il n’avait pas l’intention d’écrire un livre lorsannée qu’il est parti vivre cette sabbatique, le hasard a fait qu’il a rencontré en Thaïlande Julie Massy, la directrice artistique de la maison d’édition Parfum d’encre. C’est elle qui a planté la petite graine d’idée qui allait germer jusqu’à devenir cet ouvrage.
« Mon plus personnel et le plus achevé, le plus abouti et celui dont je suis le plus fier », dit-il.
En plus d’être un guide des endroits où l’animateur est allé, des quartiers qu’il a habités, des lieux qu’il a visités, de ses coups de coeur et de ce à quoi ressemblait son quotidien (la partie slow travel )à l’étranger, il souhaitait partager le côté introspectif de cette année marquante, car synonyme de victoire sur ses peurs : les motivations ayant mené à son départ, ses états d’âme à destination, ses bons et moins bons coups et les moments plus difficiles. Le tout en étant le plus transparent possible.
LE LUXE DU TEMPS
Préférant, de son propre aveu, les villes qu’il qualifie de
« b » (des endroits légèrement moins populaires et touristiques que les grandes villes du monde), le voyageur a décidé de diviser son année à l’étranger entre trois villes de trois pays différents. Chiang
Mai en Thaïlande, Mazatlan au Mexique et Da Nang au Vietnam.
Trois villes pivots où il a loué des appartements dans des quartiers dans lesquels il retrouvait un bon équilibre entre vie locale et touristique dans le but de partager son quotidien avec les habitants locaux. Trois « hubs » depuis lesquels il a pu faire plusieurs plus courts séjours tout en ayant un chez lui vers lequel revenir.
Le slow travel est donc cette idée d’éviter d’être dans ses valises ou dans des hôtels et de préférer s’établir et s’immiscer dans un quartier et une ville n’étant pas vraiment reconnue pour être touristique. Le tout avec le souhait de vivre, le plus possible, la vie quotidienne d’une ville du monde.
« L’idée est de cesser d’essayer de tout voir, explique celui qui a vécu une bonne crise existentielle de la cinquantaine. Voir moins, mais voir mieux. Prendre son temps, se poser, s’immiscer dans la vie locale, louer un appartement, faire ses courses, avoir des journées d’oisiveté aussi. Ralentir le temps. Prendre le temps de lire, de marcher et de réflé» chir. Généralement privé et réservé, il a accepté de raconter cette année pendant laquelle il est parti avec Julie, son amoureuse. Ce n’est qu’à travers les voyages qu’il a trouvé la légitimité de partager des moments de sa vie intime au monde. Une belle manière de démontrer qu’il est possible de partir longtemps à deux tout en se laissant beaucoup d’espace et de liberté.
« Je remettais toujours cette année de voyage à plus tard, mais à 52 ans, je me suis dit que je devais y aller », confie celui qui, comme Tom Ford, croit que le seul luxe qu’il nous reste est le temps.
« Dans la vie, il faut faire des choix, poursuit-il. Si vous sentez l’appel du voyage, faites-le, foncez ! Voyager, c’est s’ouvrir au monde, s’ouvrir aux autres, à différentes façons de penser, à d’autres cultures. Le voyage nous colle dans l’“ici maintenant”. C’est thérapeutique. C’est aussi très libérateur dans nos rapports avec les gens, et puis la richesse que tu gardes en toi n’a pas de prix. »
SALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE QUÉBEC Jean-Michel Dufaux en signature
5 le samedi 9 avril de 17 h à 18 h 5 le dimanche 10 avril de 13 h à 14 h