Le Journal de Quebec - Weekend

LA FORCE DES EXPÉRIENCE­S EXTRÊMES

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Journalist­e, éditrice, écrivaine, Elsa Pépin met en lumière les extrêmes qui gouvernent nos existences dans son nouveau roman, Le fil du vivant. Au cours d’un déluge qui s’abat sur la province, une famille se met à l’abri dans le nord, dans un somptueux manoir. Immanquabl­ement, les provisions diminuent, la tension monte et l’instinct de survie occupe le premier plan. Faut-il s’accrocher et être solidaire ou lutter pour protéger les ressources ?

Elsa Pépin, écrivaine à la plume magnifique, a imaginé l’histoire d’un jeune couple montréalai­s, Iona et Nils, et leurs deux jeunes enfants. Lorsque la ville est sur le point d’être inondée en raison de pluies diluvienne­s, la famille fuit loin de la civilisati­on, en pleine forêt. Sont-ils vraiment à l’abri de tout ?

En entrevue, elle explique que son livre ne s’est pas écrit avec un plan préétabli.

« Je suis partie d’images et d’obsessions de quand j’étais avec mes jeunes bébés et j’étais presque dans une réalité parallèle, dans mon cocon, mes nuits blanches. J’avais l’impression d’être en train de me dissoudre dans un espace-temps en dehors de la réalité et de la société. »

« C’était difficile, parce que j’avais beaucoup de fatigue et l’impression de tout donner à mes bébés. Dans cette espèce d’état où je me perdais, il y avait en même temps quelque chose de super intéressan­t. Qu’est-ce qui émerge de ça, d’être prise dans le présent, dans l’instant, de voir comment les choses évoluent et se transforme­nt. »

« Ça me faisait penser à ce que j’avais voulu, plus jeune, dans des moments où on cherche à franchir des limites, où on cherche des expérience­s physiques extrêmes. On recherche cet état de dissolutio­n et de porosité avec le monde. Je suis partie de cette intuition assez étrange qu’il y avait un lien entre la maternité et ces expérience­s extrêmes, ce que j’appelle la culture dionysiaqu­e. »

D’AUTRES CRISES

Au fil de l’écriture, elle a exploré ces deux types d’expérience­s, et imaginé qu’il pouvait arriver d’autres sortes de crises comme la crise climatique et l’horizon de fin du monde qui nous guette.

« Je me suis dit qu’il y a un chaos. Dans le fond, peut-être que les mères et les adeptes d’expérience­s extrêmes ont quelque chose à nous apprendre sur comment on gère ça ? Ce n’est pas une recherche de solution, au contraire, c’est comme être à l’écoute de ce qui se passe et presque embrasser les mouvements du chaos et décider d’évoluer avec lui. »

Son personnage féminin, Iona, ne veut pas se laisser rattraper par la peur et refuse l’inertie, précise-t-elle.

« Elle est dans une posture où elle écoute, elle se connecte au présent, elle regarde ce qui est en train de se passer et de se transforme­r. Elle essaie de voir comment évoluer avec ce mouvement. »

5 Elsa Pépin est journalist­e et éditrice.

5 Elle a aussi publié le roman Les sanguines et dirigé deux ouvrages collectifs.

5 Son recueil de nouvelles Quand j’étais l’Amérique a remporté le Prix littéraire des enseignant­s AQPF-ANEL en plus d’avoir été présélecti­onné pour le prix littéraire France-Québec.

SALON INTERNATIO­NAL DU LIVRE DE QUÉBEC Elsa Pépin en signature

5 le samedi 9 avril de 15 h à 16 h.

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PHOTO MARTIN ALARIE
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LE FIL DU VIVANT Elsa Pépin, Éditions Alto, environ 248 pages

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