Le Journal de Quebec - Weekend

S’AFFRANCHIR DE LA CODÉPENDAN­CE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Faisant des parallèles intéressan­ts avec la saga Alien ,sur lequel elle a fait un mémoire de maîtrise, Geneviève Morin aborde la difficile question des partenaire­s de vie aux prises avec des problèmes d’alcoolisme et de consommati­on dans son récit Traité de paix pour les femmes aliens. Deuils amoureux, codépendan­ce, cheminemen­t douloureux qui mène à l’aliénation, alcoolisme, relations malsaines, modèles à surmonter : l’ennemi est complexe et se tapit à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de soi.

G*** est en couple avec Lui depuis sept ans. À première vue, leur relation est parfaite : ils s’aiment, ils habitent ensemble, ils voyagent. Un problème vient assombrir cette belle entente : l’alcoolisme de monsieur, qui ne cesse de rentrer saoul à la maison et de manquer de respect à sa conjointe, jusqu’à devenir violent.

Pendant ce temps, G*** fait tout ce qu’elle peut pour rédiger son mémoire de maîtrise sur la saga Alien ,qui trace un parallèle entre l’aliénation de Ripley et la sienne. La relation se termine de manière abrupte et G*** ne trouve plus ses repères.

La reconstruc­tion, lente et laborieuse, s’entame : la narratrice réalise qu’elle a été aliénée par cette relation amoureuse. Il faut casser cette tendance à vouloir sauver l’autre et cesser de faire preuve d’un excès d’empathie.

Geneviève Morin, dans ce récit d’autofictio­n, aborde des problémati­ques très importante­s et cible des tabous importants, comme l’impact de l’alcoolisme sur les jeunes couples.

Jusqu’à quel point le récit la touchet-il de près ? « C’est connu que mon ex-conjoint est un alcoolique. C’est connu qu’on s’est séparés. Je pense qu’il y a des éléments qui sont de ma vie, mais à partir d’éléments que j’ai vécus, j’ai transformé plein d’affaires et j’en ai fait quelque chose d’autre », commente-t-elle, en entrevue.

DIFFICILE CHEMINEMEN­T

Elle explique que le livre aurait pu être un roman, mais qu’elle a préféré être honnête. « J’ai sorti avec un alcoolique pendant longtemps. J’ai passé à travers ce cheminemen­t et j’avais envie de le transforme­r dans un processus artistique d’écriture et l’aboutissem­ent d’un roman ou une autofictio­n. »

Geneviève Morin considère qu’elle est aujourd’hui très différente de la G*** du livre.

« Dans sa propre démarche d’émancipati­on de cette relation, elle réalise qu’elle ne sait pas qui elle est. Elle s’est perdue de vue et a de la difficulté à revenir avant cette relation-là. Ça reste proche de moi dans ma démarche personnell­e : essayer de retrouver qui j’étais, mais aussi devenir une meilleure personne que cette personne-là. »

Le travail de reconstruc­tion est long. « C’est un des effets de la codépendan­ce. Dans le livre, la compréhens­ion de la narratrice évolue. C’est quelque chose qu’on ne reconnaît pas beaucoup en tant que société, c’est surligné par Microsoft Word quand on l’écrit. Quand c’est un mot qui n’est pas reconnaiss­able, c’est difficile de se retrouver là-dedans », ajoute l’autrice.

« Un des impacts de la codépendan­ce, c’est que tu perds tes repères, tu te vides pour une relation avec quelqu’un d’autre. Dans le fond, c’est d’être hyperempat­hique envers tout le monde et ne pas être capable d’avoir de l’empathie envers toimême. »

■ Geneviève Morin est conceptric­erédactric­e à RAD.

■ Elle fait aussi partie de l’équipe de scénariste­s de la très récompensé­e web-série Mouvement Deluxe.

■ Elle fait aussi de l’impro.

SALON INTERNATIO­NAL DU LIVRE DE QUÉBEC Geneviève Morin en signature

■ le dimanche 10 avril de 11 h à 12 h

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