Le Journal de Quebec - Weekend
DE TCHEKHOV À SERGE BOUCHARD !
Après avoir joué dans la série Les moments parfaits, l’acteur Denis Bernard revient sur ses principaux parfaits moments de lecture.
Avec quel livre avez-vous récemment connu un moment parfait ?
En fait, il y a plusieurs livres qui m’ont permis de vivre des moments parfaits, mais pour l’instant, je vais m’en tenir à
La reconstruction du paradis de Robert Lalonde. Je me suis beaucoup identifié à cette oeuvre, qui est pour moi un bel exemple de résilience. Robert Lalonde l’a écrit après que sa maison a complètement brûlé et son livre, empreint d’espérance, porte sur l’amour et le désir total de vivre. C’est très beau. Et quelle écriture il a !
Au cours des derniers mois, y a-t-il eu d’autres romans que vous avez beaucoup aimés ?
Le jeu de l’oiseau de Sylvie Drapeau. Même s’il est très court, c’est un livre d’une grande intensité et en le lisant, j’ai eu une pensée pour l’écrivain et poète français Christian Bobin, qui a dit : « Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. » J’ai aussi envie de citer Ciels parallèles d’Henri Chassé. Pour un premier roman, c’est une oeuvre assez impressionnante.
Sinon, de mémoire, quels ont été vos plus gros coups de coeur littéraires ?
■ Je pense tout de suite à François Cheng, qui est un grand sage. C’est quelqu’un qui m’accompagne depuis des années et quand je le lis, il m’apporte toujours quelque chose d’apaisant. Cinq méditations sur la mort : autrement dit sur la vie ou De l’âme sont vraiment formidables.
■ J’ai adoré la trilogie L’espérance en héritage de Jean d’Ormesson, qui réunit trois essais : Comme un chant d’espérance, Guide des égarés et Un hosanna sans fin, qui a été édité après sa mort. Et parlant de trilogie, j’ai également eu énormément de plaisir à lire celle de Douglas Kennedy, La symphonie du hasard.
■ À part ça, j’ai beaucoup aimé Kukum de Michel Jean, qui permet un beau rapprochement avec la culture autochtone.
■ Et Contrecoup de Marie Laberge, parce que c’est un roman grave où jaillit la lumière. Marie Laberge n’a pas peur de se mouiller quand elle écrit !
■ Enfin, je pense à Serge Bouchard. J’aime vraiment tout de cet auteur.
Vous est-il déjà arrivé de terminer un roman en regrettant qu’il n’y ait pas 100 ou 200 pages de plus ?
Oui. J’ai ressenti ça après avoir lu Une prière pour Owen de John Irving. Selon moi c’est une très grande oeuvre, et j’aurais bien aimé qu’elle se poursuive ! J’ai éprouvé la même chose avec Tout
ce que j’aimais de Siri Hustvedt. Un magnifique roman dont l’histoire m’a littéralement scié en deux !
Du côté des grands classiques, est-ce qu’il y a un titre que vous chérissez plus que tout autre ?
■ Pas un, mais plusieurs : tout, tout, tout Tchekhov. Ses romans, ses pièces de théâtre, ses nouvelles. J’y retourne régulièrement, car je l’aime d’amour, cet écrivain.
■ Pendant la pandémie, j’ai aussi redécouvert Crime et châtiment de Dostoïevski. On parle souvent de l’âme slave, qui est quand même assez noire et compliquée. Avec ce livre-là, on en a un bel exemple.
Et du côté des essais ou des ouvrages de référence ?
Un livre sur la permaculture qui s’intitule Le jardinier-maraîcher ,de Jean-Martin Fortier. Il y a aussi… Mais
la vie continue, l’essai de Bernard Pivot sur la vieillesse, qui m’a beaucoup amusé et m’a fait rire. Il a de l’humour, cet homme !
Que lisez-vous présentement ?
Je lis le dernier roman de Michel Houellebecq, anéantir. Je ne suis pas un fan fini de cet écrivain français, mais quand même. Certains de ses livres sont bons.
Avec quel livre souhaitez-vous terminer cette entrevue ?
Avec Le premier exil de Santiago H. Amigorena. C’est un livre qui m’a interpellé et qui se penche cette fois sur l’enfance de l’auteur, quand sa famille a dû fuir l’Argentine et s’installer en Uruguay.