Le Journal de Quebec - Weekend

UNE NOUVELLE VIE D’ENTREPRENE­URE

On ne la voit plus comme humoriste. Marie-Lise Pilote a disparu de la vie publique. Car un jour, elle n’a plus eu envie de la vie de tournée. Depuis, elle fait du bien autrement que par le rire...

- SABIN DESMEULES

Depuis maintenant 14 ans, MarieLise Pilote est derrière l’entreprise de vêtements de travail pour femmes Pilote & Filles. Elle la dirige à plein temps et a tourné le dos à sa carrière en humour et dans les médias.

« J’ai pris la décision de faire un changement dans ma vie. J’avais fait beaucoup de tournées [...] J’ai fait mon dernier show il y a environ huit ans. Entre mon troisième et mon quatrième spectacle, il s’est passé 13 ans sans que je monte sur scène, note-t-elle. Et quand je suis revenue pour le quatrième one-woman show, j’ai réalisé à quel point le milieu avait changé. »

Avant cela, lorsqu’elle faisait de la tournée, ils étaient peut-être neuf humoristes à sillonner les routes du Québec en même temps. « Quand j’ai fait mon dernier show, on était 50 à proposer des spectacles ! [...] Autant j’avais aimé la vie de tournée – je dis souvent que j’ai vu toutes les salles de spectacles au Québec, mais aussi tous les bars –, quand je suis revenue sur scène autour de la cinquantai­ne, j’ai réalisé que j’étais rendue ailleurs dans ma vie. »

Lorsqu’elle a fait ce choix d’arrêter l’humour, elle avait déjà son entreprise. La peine n’en a pas été moins grande pour autant.

« Même si j’avais un pied dans Pilote & Filles, j’ai eu un deuil à faire. J’ai quand même passé 35 ans dans le milieu artistique, alors c’est sûr que ça n’a pas été facile. »

Tout lui rappelait constammen­t ce qu’elle avait fait. « J’écoutais la radio, j’entendais des gens qui m’avaient déjà interviewé­e ; je regardais la télé, je voyais du monde avec qui j’avais joué ; j’allais voir un spectacle, je n’étais plus sur la scène, mais dans la salle... Et je rencontrai­s des gens qui me disaient : “Qu’est-ce que tu fais ? On ne te voit plus !” Ça a pris un bout de temps avant que je sois capable de dire avec le sourire : “Ce n’est pas parce que tu ne me vois plus que je ne fais plus rien.” Oui, ç’a été difficile de faire le deuil de ce métier. »

ENCOURAGER LES FEMMES

Son autre passion, celle pour la confection et la vente de vêtements de travail pour femmes, l’a aidée à mieux tourner la page. « Ma business marche très bien. Pilote & Filles proposent la plus grosse collection de vêtements et chaussures de travail pour femmes en Amérique. »

Il y a trois ans, l’entreprise a créé une bourse pour aider des étudiantes inscrites à une formation menant à l’exercice d’un métier traditionn­ellement masculin.

« Quand on a monté Pilote & Filles [...], on s’est écrit une bible de ce qu’on voulait que ça soit, des critères qu’on désirait respecter. On s’est dit : “Ça va être une collection colorée, parce que chaque fois qu’on va voir une couleur flamboyant­e sur un chantier de constructi­on beige et brun, c’est parce qu’il va y avoir une femme là.” Et la mission qu’on s’était donnée était d’encourager les femmes dans les métiers non traditionn­els. » La bourse est aujourd’hui distribuée dans cinq régions du Québec.

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