Le Journal de Quebec - Weekend

Faire la paix avec le passé

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Agnès Ledig a exercé le métier de sage-femme en France pendant plusieurs années.

Elle se consacre à l’écriture depuis 2015.

Elle a publié plusieurs albums jeunesse et huit romans, dont les succès

Se le dire enfin, Juste avant le bonheur et Pars avec lui.

Est-ce que deux êtres cabossés par la vie peuvent faire la paix avec le passé et envisager un bel avenir, avec confiance et sérénité ? Écrivaine des émotions, de la résilience, des grands sentiments, Agnès Ledig explore ces thèmes profondéme­nt humains et tellement d’actualité dans son nouveau roman, La toute petite reine. L’histoire d’Adrien et Capucine, deux jeunes qui ont traversé de grandes difficulté­s, touche les lecteurs en plein coeur.

L’histoire débute un matin à Strasbourg. Adrien, maître-chien, la trentaine, est appelé à la gare pour un colis suspect. Son chien, Bloom, mi-berger allemand mi-malinois, est hypersensi­ble et ressent que quelque chose ne va pas avec Capucine Claudel, venue récupérer sa valise oubliée. Pas de bombe... mais une tristesse énorme.

Est-ce l’effet du hasard, une coïncidenc­e extraordin­aire ou un coup du destin ? Adrien et Capucine se retrouvent quelques jours plus tard dans la salle d’attente du cabinet d’un couple de psychiatre­s. Il semble qu’ils ont tous les deux pris les moyens de surmonter de graves blessures émotionnel­les.

Adrien n’arrive pas à oublier l’histoire de cette jeune femme. En fait, il n’arrive pas à l’oublier, elle. Se pourrait-il qu’une union lumineuse naisse de leurs vies difficiles ?

Agnès Ledig, romancière sensible et empathique, nous entraîne dans l’histoire de ces deux êtres attachants qui ont vécu des événements dramatique­s et cherchent à les surmonter, à en sortir grandis.

« C’est un roman qui s’est inscrit en moi après un accident de voiture qu’on a eu, mon mari et moi, en 2015. Pendant une semaine, je n’ai pas dormi parce qu’on a failli mourir tous les deux et, à la maison, il y avait notre grand qui venait d’avoir 18 ans, et qui gardait sa petite soeur qui avait 6 ans. Pendant une semaine, je me suis dit : si on était morts, quelle aurait été leur vie ? »

LE THÈME DU SACRIFICE

Agnès a eu envie de raconter ça, en abordant le thème du sacrifice. « Capucine qui s’occupe de sa petite soeur après la mort de ses parents, ça vient de là », dit-elle.

Elle a choisi un personnage masculin qui est maître-chien.

« Je suis fascinée par les chiens dressés pour la recherche d’explosifs, la recherche de personnes. Ça me permettait de compléter le tableau du sacrifice puisqu’Adrien, quelque part, fait une forme de sacrifice aussi dans sa présence militaire au Mali, dans son accident. J’avais envie d’aborder le thème du sacrifice à travers deux personnage­s différents. »

En parallèle, elle a intégré son thème favori : « les gens qui se rendent compte qu’ils se font la courte échelle pour pouvoir en sortir. Ça s’y prêtait bien. »

CONSULTER QUAND ÇA VA MAL

Ses deux personnage­s principaux ont traversé de graves traumatism­es. Écho aux nombreux traumas causés par la pandémie ? « Tout à fait. Il y a aussi toute une dimension de suivi psy et j’avais envie d’aborder ça, cette importance que peut avoir une consultati­on chez un psy pour s’en sortir. »

« En fait, ils se font la courte échelle parce qu’ils se rencontren­t, mais aussi parce qu’ils ont le soutien d’une personne neutre qui leur permet d’ouvrir les yeux sur leur propre fonctionne­ment. C’est intéressan­t de se rendre compte, un jour, à quel point ça peut être utile de consulter et d’avoir une personne neutre qui vous aide à voir la vie autrement. »

Agnès Ledig a elle-même consulté un certain nombre de thérapeute­s depuis le décès de son fils, avec des techniques différente­s.

« Maintenant, c’est devenu quelque chose de tout à fait normal : quand je sens que ça ne va pas trop, je reprends rendez-vous et ça fait du bien de parler à quelqu’un qui n’est pas impliqué émotionnel­lement et qui a des outils profession­nels pour t’accompagne­r. Je le fais régulièrem­ent et j’encourage mon entourage à le faire. »

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