Le Journal de Quebec - Weekend

« L’HUMOUR VISUEL S’EST PERDU AU QUÉBEC »

Dans une province qui se targue d’être une pépinière d’humoristes et où on peut apprendre à faire rire à l’école, personne n’a encore suivi les traces de Michel Courtemanc­he.

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec

En quittant la scène en 1997, l’humoriste au visage en caoutchouc pensait pourtant avoir mis en place les conditions gagnantes pour assurer sa relève dans le créneau de l’humour visuel.

« C’était une opportunit­é intéressan­te. Avec l’humour visuel, tu peux voyager partout dans le monde », fait remarquer Michel Courtemanc­he.

Force est d’admettre que personne ne l’a saisie.

À son grand désarroi.

« Je pense que l’engouement de faire de l’humour visuel s’est perdu au Québec, contrairem­ent à d’autres pays comme la France ou la Tunisie. Il n’y a pas eu de relève du tout. Le genre a peut-être mauvaise réputation parce que c’est du mime. Sinon, je ne sais pas comment l’expliquer. C’est juste dommage parce que le marché était ouvert. J’avais défriché tout le sentier et tout ce qu’il fallait. Si quelqu’un veut y aller, go. Dans aucune autre discipline, on n’a observé le même phénomène. »

INTÉRÊT AILLEURS

De l’autre côté de l’océan, c’est l’inverse. Quelques petits Michel Courtemanc­he ont émergé.

Très ouvert à l’idée de partager son savoir, l’humoriste québécois rappelle avoir donné des classes de maître à des clowns du monde entier pour le compte du Cirque du Soleil, avoir collaboré à l’écriture de numéros pour le Français Patrick Cottet-Moine et la Belge Virginie Hocq.

En Tunisie, c’est la grande mode, a-t-il constaté lors d’une visite d’enseigneme­nt. « J’y ai eu 42 étudiants sur trois jours et ils en mangeaient. »

OFFRE REFUSÉE

Au Québec, Michel Courtemanc­he dit cependant avoir refusé une offre d’enseigner son art à l’École nationale de l’humour parce que le cours était imposé plutôt qu’optionnel.

« Il y a des gens qui sont beaucoup moins habilités à faire ça que d’autres. Je me voyais mal les noter sur je ne sais pas combien et déterminer qui passe et qui ne passe pas. C’est cruel », affirme celui qui vient aussi d’être approché par L’École de cirque de Montréal pour « développer le volet clown ».

NOUVEAUX TALENTS RECHERCHÉS QUAND MÊME

Par la bande, Michel Courtemanc­he pourrait néanmoins faire éclore des talents au Québec puisque l’acteur et metteur en scène Daniel Brière travaille actuelleme­nt à la conception d’un spectacle basé sur son répertoire de numéros d’humour visuel.

« Le show s’appelle Tom et raconte une histoire dont je ne peux dévoiler les détails, mais ça va nous amener à recruter des humoristes visuels, des gens qui vont être capables de reproduire mes numéros sur scène. »

Où les trouver quand il n’y en a pas ? C’est la question que se pose Michel Courtemanc­he à la veille de la tenue d’auditions. « Si des gens veulent s’inscrire, c’est le temps », dit-il.

Qui sait, des perles rares se révéleront peut-être ?

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