Le Journal de Quebec - Weekend
UNE SÉRIE QUI FAIT OEUVRE UTILE
Cinq questions à Francis Darche, réalisateur de Refuge animal : mission Aristopattes Qu’il soit à la réalisation de Ceci n’est pas un talkshow, Sans rancune, 2 filles le matin ou Marie-Claude, Francis Darche aime raconter des histoires. Après avoir réalis
Quelles sont les principales différences cette saison avec les Aristopattes ?
Avant, nous passions la majeure partie du temps dans le refuge. Avec les Aristopattes il n’y a pas de local fixe. L’organisme fonctionne avec un réseau de bénévoles. Au refuge, le contenu venait à notre porte. Là, nous sommes toujours sur la route. Il y a beaucoup de territoire à couvrir, c’est plus complexe. La recherche maintient un lien très serré avec l’organisme. Dans la plupart des cas, on arrive au milieu de l’histoire. Les animaux sont souvent abandonnés dans des cliniques vétérinaires parce que les frais sont trop chers. L’animal est retransmis aux Aristopattes qui lui apportent des soins et se chargent de trouver une famille d’accueil. Cette saison, les cas de vétérinaires sont plus étoffés. C’était aussi une façon de nous renouveler. Nous avons des cas lourds, compliqués. Stéphane (Fallu) assiste aux soins, donne des médicaments, rencontre des spécialistes.
Ce doit être délicat de tourner avec des animaux, surtout avec le passé douloureux qu’ils ont. Y a-t-il des précautions particulières à prendre ?
Comme on allait chez les gens, les animaux étaient déjà dans leurs familles d’accueil, donc se sentaient en confiance. Mais nous sommes conscients que c’est super délicat. On prend donc le temps de s’acclimater. Je repense au chien aveugle, un husky, qui devait descendre des marches. On se demandait comment la bénévole allait s’y prendre. Nous nous sommes reculés et avons mis des go-pro. Même Stéphane s’est retiré. Le but est d’altérer le moins possible le comportement de l’animal.
Y a-t-il des circonstances sensibles qui rendent le travail plus émouvant ?
C’est prenant, c’est certain. Les saisons précédentes, nous avons été témoins d’abandons, de cruauté animale, de décès, de misère humaine aussi. Dans ce cas-ci, nous n’étions pas là quand les animaux ont été abandonnés donc nous n’assistons pas à ces moments difficiles. N’ayant pas d’animaux à la maison, j’arrive à trouver une certaine neutralité. C’est important parce que je dois être en position pour raconter les histoires. Dans l’action, j’arrive d’une certaine façon à couper mes émotions. Mon cerveau est en état d’alerte afin d’avoir les images dont j’ai besoin, pour concevoir aussi les entrevues qui se font au fur et à mesure des tournages. Mais il y a des affaires qui nous remuent. On s’en parle entre nous.
Qu’est-ce que tu donnes comme directives à Stéphane ?
Stéphane est un gars très émotif. Il adore les animaux pour vrai. Il est sur la première ligne. On lui a toujours donné le rôle du bénévole. Dans un format documentaire, on ne doit pas sentir l’animateur. Il est les yeux du téléspectateur, pose des questions, s’adonne à différentes taches comme donner des bains, faire des promenades. Cette saison, il s’occupe du transport. Il est très impliqué.
As-tu un peu l’impression de faire avancer la cause animale ?
Il y a un fond d’éducation populaire. On montre des comportements qui ne sont pas souhaitables. On informe. Il y a une part de prévention. Faire oeuvre utile est une de mes fiertés. C’est aussi un show qui se regarde en famille, qui suscite les discussions parents-enfants. C’est une responsabilité d’adopter un animal. Il y a plusieurs messages à véhiculer. Je ne sais pas si l’on fait une différence par rapport à la cruauté animale puisque ceux qui nous écoutent sont des amoureux des animaux. Mais on passe des messages sur les coûts, on démystifie le côté financier, la question des assurances. On encourage depuis huit ans les gens à adopter auprès des refuges des animaux formidables qui ont eu une bad luck plutôt que d’acheter sur Kijiji et d’encourager la production illégale. En huit saisons, je n’ai jamais rien exagéré. Tout est véridique et dans 90 %, il y a une fin heureuse.