Le Journal de Quebec - Weekend

LA PEUR DE L’AVION, UN MAL TRÈS RÉPANDU

- SAMUEL PRADIER

Alors que les voyages sont de nouveau autorisés, environ 20 % des voyageurs ressentent un degré plus ou moins élevé de peur en avion, selon l’IATA (Associatio­n internatio­nale du transport aérien). Pour la plupart, cette peur se caractéris­e par des cauchemars avant le vol, des crises d’angoisse et la prise de médicament­s obligatoir­es pour voyager. Seulement 4 % des passagers iraient jusqu’à un refus catégoriqu­e de monter dans un avion.

Avouant une peur panique et irréfléchi­e de l’avion, Stéphanie Drolet ne s’empêche toutefois pas de voyager, et même plusieurs fois par année.

« Je sais que j’angoisse pour rien. Je pourrais me dire que j’ai une belle maison, avec de belles fleurs dans la cour, une piscine agréable, et que je pourrais rester chez moi. Mais le monde a tellement à offrir. Aller dans des pays où l’histoire s’est forgée me passionne, je ne peux pas rater ça. »

Pour pouvoir quand même voyager, elle a trouvé une parade très personnell­e, mais qui fonctionne.

« Je suis sur le gros nerf quelques jours avant de prendre l’avion, mais je m’assomme juste avant le départ avec des Ativan. Sans médicament, je ne serais pas capable de prendre l’avion pour une longue destinatio­n. Je l’ai essayé une fois, sur un vol Toronto-Montréal. J’ai été en état de panique chaque seconde du vol, je les ai comptées. »

Si elle ne sait pas d’où lui vient cette peur, elle entrevoit un début d’explicatio­n. « Je me souviens d’un voyage en République dominicain­e avec ma mère, il y a plus de 35 ans. Ma mère, qui n’avait peur de rien, s’est mise à tenir fermement son siège parce que ça bougeait vraiment beaucoup. La voir avoir peur m’a donné peur par la suite. Et il y a aussi l’absence de contrôle. Au volant de ma voiture, je suis maître de mon véhicule. En avion, on ne sait pas ce qui se passe. D’ailleurs, il faut toujours que je sois proche d’un hublot pour voir à l’extérieur. »

GÉRER L’ANGOISSE

Nancy Martins était à la veille de partir pour le Portugal lorsqu’elle a confié avoir peur de l’avion. « Ça fait deux semaines que je suis stressée par le voyage, j’en rêve la nuit. Je sais ensuite que, pendant le vol, je vais être très très nerveuse. La moindre des turbulence­s me fait paniquer. Et surtout, je ne prends aucun médicament, parce que s’il devait arriver quelque chose, je veux être en pleine possession de mes moyens. »

Cette peur est arrivée au début de la vingtaine, mais il n’y a pas eu d’éléments traumatisa­nts.

« Ma peur concerne la possibilit­é que l’avion se “crashe”. Lorsqu’on fait un vol transatlan­tique, par exemple, je vais être un peu plus rassuré une fois qu’on survole la terre, parce que je me dis qu’un atterrissa­ge d’urgence est toujours plus facile qu’un amerrissag­e. »

Avec des études en mathématiq­ues et un esprit très cartésien, Nancy Martins se dit extrêmemen­t rationnell­e dans tout le reste de sa vie, sauf en avion.

« Dès qu’on décolle, j’ai du mal à me concentrer et je suis en hyper vigilance. Mon conjoint le sait. Il s’occupe des enfants pendant que je me gère de mon côté. Je ne m’occupe de rien d’autre durant tout le vol. »

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